Un jour que M. de Ségur était assis vis-à-vis d’elle dans sa voiture, elle lui témoigna le désir d’entendre quelques morceaux de poésie légère qu’il avait composés. […] Espérons qu’il sera bientôt en état de le poursuivre, et qu’échappé à une maladie qui menaçait de le ravir aux lettres et aux libertés publiques, il trouvera encore de longs jours pour se souvenir et pour raconter, Il est du petit nombre de ces hommes qu’on aime toujours à entendre sur les personnages et sur les choses d’autrefois ; et, pour lui appliquer à lui-même ce qu’il a dit de M. de Malesherbes, quand il cause avec son lecteur, personne n’est tenté de mettre le signet.
Vous parlez des Ecrivains Grecs que vous n’entendez pas ; vous employez le mot barbare de Basiloi, qui n’est point grec, au lieu de Basileis ; vous vous servez du mot de despote, sans en savoir la signification ; vous avez souvent le mot de demiourgos à la bouche, & vous ignorez ce qu’il veut dire ; vous prenez le nom de Dynastie pour celui d’une Province ou Contrée ; vous appelez les Prêtres Egyptiens des bouteilles ; car c’est ce que signifie le mot choas que vous leur appliquez ; vous faites passer à Hercule le détroit de Calpé & d’Abila dans son gobelet, au lieu de dire qu’il le passa dans un navire, appelé Scyphus : enfin vous êtes véhémentement soupçonné, par plusieurs de vos citations, de ne pas entendre ce dont vous voulez parler.
C’est ce que l’Aréopage donna bien à entendre dans une cause délicate et embarrassante dont le jugement lui fut renvoyé. […] Un trait que La Fontaine raconte en quatre vers, lui donne lieu de causer avec son lecteur, mais pour le jeter dans des questions métaphysiques auxquelles il n’entendait pas grand’chose.