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660. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Saperlote, moi qui me crois aussi intelligent que ledit journaliste, je puis affirmer, que ce que j’ai entendu dire par Michelet, Gavarni, Montalembert, Théophile Gautier, Flaubert, est supérieur à ce qu’il entend, tous les jours. […] la grande jouissance, après ces temps, si implacablement beaux, de passer la soirée à entendre la pluie tomber, goutter, avec son doux bruit, sur les feuilles. […] » Ce mot profond amène dans la conversation, la légende du Professeur de paresse, une légende, que Daudet a entendu raconter en Afrique. […] Je crois même que c’est dans sa bouche, que j’ai entendu, pour la première fois, bien avant qu’ils ne fussent vulgarisés, les mots subjectif et objectif. […] Je vois meubler le salon du premier acte, je vois les pompiers, l’œil au petit hublot de la toile, j’entends force m…. dans la lampisterie.

661. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « La poésie »

Michelet, l’homme qui sait, qui voit, qui sent si admirablement les choses d’autrefois, a dit en quelques lignes ce qui se passa alors dans les âmes : « Cette trompette libératrice de l’archange, qu’on avait cru entendre en l’an mil, elle sonna un siècle plus tard dans la prédication de la croisade. […] L’idée qui reste d’un classique, après l’avoir entendu, n’est plus du tout celle d’un mort ou d’un demi-dieu refroidi. […] On ne pouvait, pour un début, mieux entendre ni mieux remplir sa mission.

662. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — II »

Nous parlâmes beaucoup de M***, je lui prédis qu’avant trois mois elle en entendrait une déclaration en forme. « Vous vous trompez. — C’est vous-même. — Il est froid. — Il s’échauffera. — Personne n’est plus réservé. — D’accord ; mais voici son histoire : il croira vous estimer seulement, et il vous aimera. […] Il voudra vaincre sa passion ; mais il n’y réussira plus ; il la renfermera longtemps, il se taira, il sera triste, mélancolique ; il souffrira ; mais il s’ennuiera de souffrir ; il jettera des mots que vous n’entendrez point, parce qu’ils ne seront pas clairs. Il en jettera de plus clairs que vous n’entendrez pas davantage ; et l’impatience et le moment amèneront une scène, je ne sais quelle, peut-être des larmes, peut-être une main prise et dévorée, peut-être une chute aux genoux, et puis des propos troublés, interrompus de votre part, de la sienne. — Le beau roman !

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