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471. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Dauban est bonne dans son ensemble et doit être suivie dans la généralité de l’usage, à la condition toutefois qu’on y mettra un correctif : c’est que lorsqu’on est appelé à publier les écrits inédits d’un auteur mort d’hier, les considérations les plus respectables peuvent déterminer celui qui en est l’éditeur non pas à altérer (il ne le faut jamais), mais à affaiblir ou mieux à ajourner en quelque point l’expression entière des pensées ou des jugements. […] En sortant de mon lit, je m’occupe de mon enfant et de mon mari ; je fais lire l’un, je donne à déjeuner à tous deux, puis je les laisse ensemble au Cabinet, ou seulement la petite avec la bonne quand le papa est absent, et je vais examiner les affaires de ménage, de la cave au grenier ; les fruits, le vin, le linge et autres détails fournissent chaque jour à quelque sollicitude ; s’il me reste du temps avant le dîner (et notez qu’on dîne à midi, et qu’il faut être alors un peu débarbouillée, parce qu’on est exposé à avoir du monde que la maman aime à inviter), je le passe au cabinet, aux travaux que j’ai toujours partagés avec mon bon ami. Après dîner, nous demeurons quelque temps tous ensemble ; et moi assez constamment avec ma belle-mère, jusqu’à ce qu’elle ait compagnie : je travaille de l’aiguille durant cet intervalle.

472. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

La taille est pleine et n’est pas belle ; mais l’ensemble est du plus grand air. […] Depuis le séjour de Metz, les choses paraissent bien changées, et le froid est aussi grand que jamais ; soit que les conversations trop vives et trop fréquentes de la reine avec M. le Dauphin en sa présence lui aient déplu ; soit que ce soit l’effet des sentiments qu’il avait pour elle depuis longtemps et que l’on avait cherché à entretenir et à augmenter ; soit enfin que la mauvaise humeur du roi en soit la seule cause : peut-être toutes ces raisons ensemble y contribuent-elles. » M. de Luynes ne soupçonne pas ou fait semblant d’oublier la vraie raison. […] « Thémire aime Dieu, et, immédiatement après, tout ce qui est aimable ; elle sait accorder les choses agréables et les choses solides ; elle s’en occupe successivement et les fait quelquefois aller ensemble.

473. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Ne se proposant en apparence pour objet que de constituer un bon texte d’Homère, il avait été amené à se demander, historiquement, ce qu’avaient pu être des poëmes d’aussi longue haleine que l’Iliade et l’Odyssée, et même si réellement ils avaient pu être et exister dans leur ensemble, à une époque où l’écriture n’existait pas, où rien ne pouvait se fixer et se consigner sur le papyrus ni sur d’autres matières ; où les chants seuls, par conséquent, flottaient sur les lèvres et dans la mémoire des hommes, à la merci des récitateurs et des chantres, et en présence d’auditoires avides, qui n’en pouvaient entendre que des portions. […] J’étais accoutumé à considérer comme un ensemble chacun des poëmes d’Homère, et je les voyais là séparés et dispersés, et, tandis que mon esprit se prêtait à cette idée, un sentiment traditionnel ramenait tout sur-le-champ à un point unique ; une certaine complaisance que nous inspirent toutes les productions vraiment poétiques me faisait passer avec bienveillance sur les lacunes, les différences et les défauts qui m’étaient révélés. » Mais n’était-ce qu’une illusion et une complaisance de sentiment, comme Gœthe paraît le croire ? […] « Non-seulement il ordonna qu’ils récitassent les rhapsodies dans leur suite naturelle, sans omission ni altération, mais encore il établit un souffleur ou autorité censoriale pour assurer l’obéissance à ses ordres » ; ce qui implique l’existence d’un ensemble ou agrégat régulier, généralement reconnu et consacré, et aussi l’existence de certains manuscrits.

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