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814. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

C’était le temps où la littérature du second Empire atteignait, pour ainsi dire, son plus haut point de prospérité. […] Rien qu’à le voir, on sentait en lui le flegme naturel ou acquis, l’empire de soi, la volonté et l’habitude de ne pas donner prise. […] L’empire déchu, l’Empereur détrôné, l’Impératrice errante n’eurent point de partisan plus tenace ni plus loyal. […] L’opposition, sous le second Empire, a vécu de cette forte substance et de cet austère entretien. […] Il n’eût pas échangé contre un empire la loge que le sort lui assignait au spectacle de l’univers.

815. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

c’est : il faut avoir de l’empire sur soi-même, il faut apprendre à se vaincre soi-même, gnôti seauton, nicâ seauton. […] Quoi qu’il lui advienne du dehors ou du dedans, une pensée, une attraction, un désir, toujours cet homme irritable s’imagine que maintenant son empire sur soi-même pourrait être en danger. […] Au nom de la morale il a conquis l’empire pour le néant. […] Il était une sorte de singerie du premier Empire, ou plutôt il était un prolongement, dans la littérature, de l’activité impériale. L’Empire laissait dans la littérature française, non sa force, mais la trépidation qui suit un arrêt brusque.

816. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Les peuples alors s’étaient mêlés, les cultes s’étaient heurtés, chacun cherchait ou se faisait une foi, le rêve avait pris l’empire. […] Les Mormons en triomphent, prophétisent la dissolution des États-Unis pour la fin du siècle, et se promettent l’empire de l’Amérique et de l’univers. […] Lorsque la conquête du monde et l’établissement de l’empire eurent détruit dans le monde et dans l’empire la famille et la patrie, les mœurs et la liberté, l’homme, enfermé dans une décadence sans remède et sous un despotisme sans issue, abandonna toute espérance terrestre et tourna son effort ailleurs. […] Ce peu de bien, c’était de soutenir l’empire énervé par les fléaux et les vices, abîmé par les tremblements de terre, dévasté par les inondations, épuisé par les pestes, assiégé par les barbares. […] Les voilà au sommet des choses, et l’on comprend que parmi de pareilles croyances leur empire se soit fondé pour toujours.

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