L’Empire a eu également ses distinctions dans ce sexe, alors pourtant de peu d’influence. […] A la prendre sous ce point de vue, l’existence de Mme de Staël est dans son entier comme un grand empire qu’elle est sans cesse occupée, non moins que cet autre conquérant, son contemporain et son oppresseur, à compléter et à augmenter. […] Ce ne fut que plus tard, et surtout vers la fin de l’Empire, que l’idée de la Constitution anglaise la saisit. […] Ils n’eussent pu être écrits auparavant ; ils n’eussent pu l’être ensuite sous l’Empire. […] Avec Corinne elle est décidément entrée dans la gloire et dans l’empire.
Flourens fait de l’empereur peut se résumer en ces lignés : Physiquement, le Tsar est le plus bel homme de son Empire ; c’est un géant doux, mais, aux heures voulues, ferme jusqu’à l’inflexibilité. […] Alors, avec méthode, sans passion, et avec cette suite dans la volonté qui est le propre des forts, Alexandre III résolut de dégermaniser son empire que les Allemands avaient progressivement et très habilement commencé à envahir. […] De véritables colonies allemandes étaient venues s’implanter sur la frontière occidentale de l’empire russe. […] Le grand argument exploité en Allemagne contre l’union franco-russe, c’est qu’un Empire ne peut guère s’allier à une République. […] Flourens répond, sans même invoquer les faits récemment accomplis sous les yeux de l’Europe, que l’Empire en Russie ressemblant beaucoup plus à l’Empire romain, où tous les pouvoirs du peuple se trouvaient absorbés par un magistrat unique, qu’aux empires féodaux de l’Europe centrale, c’est une République authentique : les institutions républicaines n’ont donc rien qui choque et effraye les sentiments du peuple russe.
« Les preuves de la spiritualité de l’âme ne peuvent se trouver dans l’empire des sens, le monde visible est abandonné à cet empire ; mais le monde invisible ne saurait y être soumis ; et si l’on n’admet pas des idées spontanées, si la pensée et le sentiment dépendent en entier des sensations, comment l’âme, dans une telle servitude, serait-elle immatérielle ? […] Après avoir animé par un reflux fatal mais naturel l’invasion étrangère dans les murs de Paris, après avoir traité libre encore de sa personne à Fontainebleau, après avoir abdiqué et résigné le trône aux Bourbons, se servir dès armes d’honneur qu’on lui avait laissées dans son asile pour violer la foi jurée, les traités, la paix du monde, descendre avec des troupes et du canon sur le rivage de la patrie, embaucher l’armée, corrompre les généraux, déchirer la constitution, chasser du trône le roi nécessaire et réconciliateur, pour ramener par un nouveau défi l’Europe entière au cœur de la France, et pour lui faire perdre à Waterloo les dernières gouttes de son sang, certes il n’y avait d’excuse à un pareil acte que l’ennui personnel de l’empire perdu, et l’impatience d’une ambition qui comptait le monde pour rien devant un caprice de domination ou de gloire. […] Ce n’était plus l’empire, c’était la dictature qu’il demandait l’épée à la main. […] L’accession de madame de Staël à son nouveau règne aurait été une bonne fortune pour sa politique ; sa réputation de libéralisme, son talent, son nom, son influence sur l’opinion de l’Europe, auraient donné à sa conversion à l’empire la valeur d’un manifeste européen.