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341. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Conserver la fidélité des caractères, laisser à chacun son vice et sa vertu propre, c’est la loi de l’histoire comme c’est la loi du drame. L’histoire, autrement, manque de vérité, et le drame manque de vraisemblance. […] Tout le drame est transporté sur les mers ; ce drame est un des plus beaux, des plus divers, des plus passionnés qui se soient jamais joués entre les éléments et les hommes. […] » Et après cette réflexion atténuante il attribue l’exécution nocturne et précipitée à une prolongation de sommeil du conseiller d’État Réal ; comme si quelqu’un dormait parmi les confidents et les exécuteurs du drame pendant que le premier Consul veillait lui-même à la Malmaison, attendant l’accomplissement de l’acte le plus terrible et le plus hâtif de sa vie, et pendant qu’une telle victime était sous le feu des juges ! […] Thiers donne à ce procès l’intérêt d’un grand drame ; il y est aussi juste qu’éloquent : juste envers Bonaparte, qui avait le droit de sévir contre un rival devenu un conjuré ; juste envers Moreau, qui avait failli à la patrie, à la reconnaissance et à lui-même ; juste envers la magistrature du pays, qui montre dans ce jugement des caractères dignes de Rome.

342. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Il compose un drame intitulé la Jeunesse de Charles II. […] En vertu du système ci-dessus indiqué, son drame devient alors la Jeunesse de Henri V. […] Donc abolition des règles d’Aristote et de Boileau ; mort à la tragédie, cette grande dame, cette aristocrate, et vive le drame, où le rire, le ton familier et les plébéiens. […] En effet, le drame descend des princes aux simples bourgeois et des vers à la prose ; le roman campe au premier plan des ouvriers et des paysans ; les pauvres, les gueux, les humbles, envahissent jusqu’à la poésie. […] Le drame, la comédie de mœurs, longtemps humiliés au profit de la tragédie, prennent le haut du pavé.

343. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

C’est un divertissement qu’il ne s’est plus permis depuis Drame ancien, Drame moderne, œuvre de jeunesse. […] Il a su entrer si aisément dans cette âme limpide et, d’autre part, il a si harmonieusement enveloppé le drame surnaturel du décor naturel qui lui convenait, que le miracle paraît presque tout simple et charme plus qu’il n’étonne. […] Et tout vit, dans ce drame mystique, d’une vie concrète. […] Les jupes s’étalent très larges, noient les fauteuils en bambou ; des fichus, des écharpent moussent sur les épaules, sur les gorges dont la blancheur ça et là s’épanouit… » Le drame humain éclate surtout dans un épisode.

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