Conserver la fidélité des caractères, laisser à chacun son vice et sa vertu propre, c’est la loi de l’histoire comme c’est la loi du drame. L’histoire, autrement, manque de vérité, et le drame manque de vraisemblance. […] Tout le drame est transporté sur les mers ; ce drame est un des plus beaux, des plus divers, des plus passionnés qui se soient jamais joués entre les éléments et les hommes. […] » Et après cette réflexion atténuante il attribue l’exécution nocturne et précipitée à une prolongation de sommeil du conseiller d’État Réal ; comme si quelqu’un dormait parmi les confidents et les exécuteurs du drame pendant que le premier Consul veillait lui-même à la Malmaison, attendant l’accomplissement de l’acte le plus terrible et le plus hâtif de sa vie, et pendant qu’une telle victime était sous le feu des juges ! […] Thiers donne à ce procès l’intérêt d’un grand drame ; il y est aussi juste qu’éloquent : juste envers Bonaparte, qui avait le droit de sévir contre un rival devenu un conjuré ; juste envers Moreau, qui avait failli à la patrie, à la reconnaissance et à lui-même ; juste envers la magistrature du pays, qui montre dans ce jugement des caractères dignes de Rome.
Il compose un drame intitulé la Jeunesse de Charles II. […] En vertu du système ci-dessus indiqué, son drame devient alors la Jeunesse de Henri V. […] Donc abolition des règles d’Aristote et de Boileau ; mort à la tragédie, cette grande dame, cette aristocrate, et vive le drame, où le rire, le ton familier et les plébéiens. […] En effet, le drame descend des princes aux simples bourgeois et des vers à la prose ; le roman campe au premier plan des ouvriers et des paysans ; les pauvres, les gueux, les humbles, envahissent jusqu’à la poésie. […] Le drame, la comédie de mœurs, longtemps humiliés au profit de la tragédie, prennent le haut du pavé.
C’est un divertissement qu’il ne s’est plus permis depuis Drame ancien, Drame moderne, œuvre de jeunesse. […] Il a su entrer si aisément dans cette âme limpide et, d’autre part, il a si harmonieusement enveloppé le drame surnaturel du décor naturel qui lui convenait, que le miracle paraît presque tout simple et charme plus qu’il n’étonne. […] Et tout vit, dans ce drame mystique, d’une vie concrète. […] Les jupes s’étalent très larges, noient les fauteuils en bambou ; des fichus, des écharpent moussent sur les épaules, sur les gorges dont la blancheur ça et là s’épanouit… » Le drame humain éclate surtout dans un épisode.