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735. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Depuis sa glorification du théâtre jusqu’à sa théorie de la métempsycose, et, du reste, c’est à peu près tout ce que le livre contient, c’est une série de couplets sur tous les airs connus, finissant tous par des traits adorables, mais peu compréhensibles : « Le théâtre, c’est le Golgotha de l’idée. » « Le poète dramatique est le grand invisible de la poésie. » « La tragédie est le nez du théâtre, le drame en est la figure. » « Lovelace, c’est l’envers de l’orgueil, c’est la modestie de Satan. » « Le poète souverain est celui qui frappe à son effigie la plus grande somme d’humanité. » « Socrate n’est pas Socrate ! […] Et c’est pourquoi « la forme dramatique est la forme divine ». […] Ces idées générales qui seront comme le code qui devrait régir le théâtre, je crois les trouver dans Diderot, non pas dans ses dissertations Sur la poésie dramatique, qui sont plus une œuvre de défense qu’une œuvre de construction, mais où vous ne les iriez pas chercher, dans les Bijoux indiscrets. […] Et c’est pourquoi « la forme dramatique est la forme divine ». […] Les marchands de calicot sont bien lettrés, de nos jours, ils rédigent des feuilletons de modes qui remplacent avantageusement les feuilletons dramatiques de M. de Saint-Victor ; quand nous vendront-ils des Contemplations de Comptoir imprimées sur mousseline ?

736. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Toute une poésie pittoresque, ou dramatique, une poésie d’ode ou de mystère passe ainsi dans ces expositions de dogme et ces descriptions de morale435 ; et ce fort logicien de Navarre nous fait parfois penser à Dante ou à Milton. […] Même dans l’admirable Panégyrique de saint Bernard, ce n’est pas l’individu que fut Bernard, psychologiquement et historiquement, c’est le type idéal de l’enthousiasme ascétique, c’est, si l’on veut, l’image, lyrique encore plus que dramatique, du moine que Bossuet nous fait apercevoir.

737. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Car si je vous dis que le caractère d’une époque poétique est tel ou tel, et que vous me citiez en opposition des auteurs dramatiques ou des romanciers, il faudra bien que je cherche ce qu’il y a de plus poétique en eux, la pensée avec laquelle ils font du drame et des caractères, il faudra bien que je leur demande leur pensée lyrique ; ce qui suppose que nous nous entendons, moi et le lecteur, sur cette question : À quelle condition le drame et le roman sont-ils de l’art ? […] En d’autres termes, l’un n’est que lyrique, et encore n’est lyrique que d’une seule manière ; l’autre est à la fois lyrique et dramatique.

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