La naissance du soupçon dans une âme simple et confiante, l’éclaircissement lent d’un mystère entrevu, la certitude affreuse, l’aveu arraché, l’irrésistible mouvement de colère, l’ivresse de vengeance, le cri plaintif et doux de la condamnée, l’imploration d’une femme qui, malgré tout (ces combinaisons de sentiments ne sont pas rares), aime son mari, la prière qui désarme, enfin le contrat tacite qui, soudain, ligue ces deux malheureux contre l’homme méprisable et méchant d’où vient le mal, tout cela est peint avec une sûreté d’observation, une vigueur logique, une gradation d’intensité, une puissance dramatique, une angoisse croissante dont le lecteur, comme l’auteur, a le cœur serré.
Le poëte dramatique, qui peut disposer des faits jusqu’à un certain point, garde un respect scrupuleux pour les caractères.
L’éditeur a craint avec raison que ce mot de palimpseste ne parlât pas à l’imagination des lectrices aussi vivement qu’à celle des lettrés et des savants, à qui ce terme rappelle, si je puis le dire, des émotions intellectuelles d’une vivacité presque dramatique.