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326. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

La duchesse se leva pour la retenir par une douce violence de politesse ; elles causèrent un instant debout, à pied levé et à demi voix, dans la pénombre du rideau, entre la fenêtre et la porte. […] À notre première entrevue je fus timide ; elle fut naturelle, gracieuse, adroite de simplicité ; mon impression fut un attrait doux, qui n’éblouit pas, mais qui attire : clair de lune qui rappelle un jour de splendide été. […] Remercions madame Lenormant, dépositaire de si doux secrets, de nous avoir au moins confié ces pages. […] Le lendemain, baignée de larmes, je venais de franchir la porte que je me souvenais à peine d’avoir vue s’ouvrir pour me laisser entrer ; je me trouvai dans une voiture avec ma tante, et nous partîmes pour Paris. — Je quitte à regret une époque si calme et si pure pour entrer dans celle des agitations ; elle me revient quelquefois comme dans un vague et doux rêve, avec ses nuages d’encens, ses cérémonies infinies, ses processions dans les jardins, ses chants et ses fleurs. […] J’ai pu les écouter, les comprendre, les admettre jusqu’où elles étaient admissibles, mais je n’ai point laissé le doute entrer dans mon cœur. » XXX On voit par ce passage, écrit bien longtemps après son enfance, que la foi de cette jeune fille était tempérée comme son âme, et que la religion fut toute sa vie une douce habitude de ses sens plutôt qu’une passion de son intelligence.

327. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

L’effet de ces compositions, bonnes ou mauvaises, c’est de vous laisser dans une douce mélancolie. […] Tu y seras jusqu’à ce que la douce langueur, la douce lassitude du plaisir soit passée. […] L’air y est épais, la lumière chargée de la vapeur des lieux frais et des corpuscules que des ténèbres visibles nous y font discerner ; et puis cela est d’un pinceau si doux, si moelleux, si sûr ! […] Tout est doux, facile, harmonieux, chaud et vigoureux dans ce tableau que l’artiste paraît avoir exécuté en se jouant. […] Au bas de l’arcade qui éclaire de la manière la plus douce et dont la lumière est faible, pâle, comme celle qui a traversé des vitres, autre portion de mur nu et obscur où l’on voit debout quelques moines noirs.

328. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

nos premiers écrivains n’ont pas su dire les paroles viriles et douces que nous espérions. […] Enfin, une vie plus douce semble commencer. […] Le mirage divin, qu’elle apercevait, dans l’enivrement de ses douces fiançailles, s’est voilé pour jamais. […] Taïa est l’esclave favorite de la reine ; c’est elle qui porte les billets doux au triumvir. […] Léon Cahun : il me rappelle de trop douces impressions10.

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