Nous avons dit combien de témoignages d’intérêt et de douleur avaient accueilli la première nouvelle du danger de M.
C’est une mère qui se poignarde de douleur sur le cadavre de son enfant.
Et Daudet dit qu’il aimerait à peindre cet engourdissement endormant de la douleur dans le plus secret de l’être, décrit joliment le côté enfantin, que ces choses amènent chez l’homme, avoue le besoin qu’il a, lui, de prendre la main de sa femme, dans un attouchement de bébé, quand le calmant opère. […] Il a terminé en disant qu’il avait pris des notes sur la douleur, qu’il en ferait quelque chose plus tard. […] Il me dit qu’il a éprouvé, cette nuit, des souffrances intolérables, que vraiment avec lui, la douleur est trop cruelle, trop méchante, que dans ces moments de souffrance, au-delà de ce qu’on peut supporter, il lui vient l’idée d’en finir, que malgré lui, il calcule le nombre de gouttes d’opium qu’il faut pour cela… et que ça lui fait un peu peur d’être hanté par cette tentation. […] Il a travaillé toute la matinée à Sapho, en dépit des douleurs les plus cruelles, et ce soir, il passe toute la soirée, à se promener, sans pouvoir s’asseoir, d’un bout à l’autre de la galerie, appuyé sur le bras du fils de la maison, avec, de temps en temps, des fléchissements dans une jambe, comme si tout à coup une balle la lui cassait. […] Tout le temps de la pièce, Daudet ne voulant pas se montrer dans la salle, — j’ai été le téléphone entre le mari et la femme. — Daudet repris à dîner bien mal à propos de ses douleurs, et qui a pris du chloral, se tient enfermé dans le cabinet de Koning, sourd aux applaudissements.