C’est que la nature capricieuse n’a pas donné à tout le monde de noirs cheveux bouclés, un nez d’une fine courbure, de longs yeux, une tête charmante et toujours jeune de roi sarrasin Il y en a qui sont infirmes et cacochymes ? […] L’Académie est une institution radicalement immorale, puisqu’elle n’ajoute rien au vrai mérite et qu’elle en donne les apparences à l’intrigue ou à la médiocrité. […] Alphonse Daudet que, lorsqu’il est obligé de nous donner, pour établir son « milieu », certaines explications un peu longues, il n’hésite pas à employer l’artifice d’une correspondance ou d’un journal. […] Alphonse Daudet s’est si peu donné la peine de nous la rendre sensible, que nous pourrions presque affecter de ne pas l’apercevoir. […] Complétons ce qu’il nous donne, sans en être autrement fiers ; car ce qu’il nous donne, c’est ce que nous n’aurions pas trouvé.
On entend parfois par intégration sociale non la pression sociale au sein d’un groupe donné, mais la loi en vertu de laquelle des sociétés particulières s’agglomèrent et s’unifient pour former des sociétés de plus en plus vastes ou encore en vertu de laquelle de grands courants sociaux se forment, qui traversent à un moment donné toute une civilisation. […] Dans tout groupe, il y a des mots d’ordre donnés, des jugements tout faits sur les gens et les choses. […] Maintenant, quelle interprétation convient-il d’en donner ? […] Toute institution, toute croyance est un produit naturel des conditions d’existence sociales à un moment donné, dans un milieu donné. […] Le fait d’être déterminé par un ensemble donné de conditions sociales ne transforme pas le mensonge de groupe en croyance véridique et sincère.
On avait déjà donné un échantillon de ces fables traduites ; aujourd’hui c’est toute une série jusqu’au VIIIe livre. […] Il semble qu’entre les poètes français La Fontaine seul ait, en partie, répondu à ce que désirait Fénelon lorsque, dans une lettre à La Motte, cet homme d’esprit si peu semblable à La Fontaine, il disait : « Je suis d’autant plus touché de ce que nous avons d’exquis dans notre langue, qu’elle n’est ni harmonieuse, ni variée, ni libre, ni hardie, ni propre à donner de l’essor, et que notre scrupuleuse versification rend les beaux vers presque impossibles dans un long ouvrage. » La Fontaine, avec une langue telle que la définissait Fénelon, a su pourtant paraître se jouer en poésie, et donner aux plus délicats ce sentiment de l’exquis qu’éveillent si rarement les modernes. […] Sur ce point nous croyons que le tableau du grand peintre doit subir, pour rester vrai, un peu de réduction, et que sa verve s’est donné trop de saillie. […] De même que l’Entretien qui nous a été conservé de Pascal et de M. de Saci est un des plus beaux témoignages de l’esprit de Pascal, de même ces Entretiens transmis par Ramsay donnent la plus haute idée de la manière de Fénelon, et surpassent même en largeur de ton la plupart de ses lettres. […] Ces lettres donnent tout à fait l’idée de ce que pouvait être cette conversation, la plus charmante et la plus distinguée, aux douces heures de gaieté et d’enjouement ; ce sont les propos de table et les après-dîners de Fénelon, ce qu’il y a de plus riant dans le ton modéré.