Résumons en quelques mots sa doctrine qui a donné lieu à de nombreuses discussions. […] Ce n’est pas tout, la doctrine de M. […] Nominaliste de doctrine, mais réaliste de cœur, il semble n’échapper au nominalisme absolu que par un acte de foi désespéré.
La philosophie se plie aux exigences du dogme, ce qui ne l’empêche pas d’être traitée en suspecte ; la doctrine de Descartes est proscrite de l’Université, les écrits de Spinoza sont interdits en France. […] Leur doctrine a varié, donc elle est fausse. […] Mme de Sévigné, La Fontaine s’obstinent à défendre les bêtes ; ils sont incapables de goûter cette superbe doctrine qui, de façon si tranchante, sépare l’homme de ses frères inférieurs.
Mais, dans son scepticisme, elle n’a rien de l’arrogance et de l’intrépidité de doctrine qui choque chez ses amis. […] Turgot, dont les principes étaient fort intéressés dans la question, s’est expliqué sur le livre de Galiani, et, sans en méconnaître l’agrément, il a écrit quelques mots qui marquent bien l’opposition des vues, des inspirations et des doctrines : Je n’aime pas non plus, dit-il après quelques critiques sur sa méthode sautillante et faite pour dérouter, je n’aime pas à le voir toujours si prudent, si ennemi de l’enthousiasme, si fort d’accord avec tous les Ne quid nimis et avec tous ces gens qui jouissent du présent, et qui sont fort aises qu’on laisse aller le monde comme il va, parce qu’il va fort bien pour eux, gens qui, ayant leur lit bien fait, ne veulent pas qu’on le remue. […] En tout, Galiani croyait à une doctrine secrète, à un fin mot que peu de gens sont appelés à pénétrer, et que de très grands talents eux-mêmes ne soupçonnent pas.