Discours sur le romantisme Messieurs, Ce jour qui, pour la neuvième fois, rassemble les quatre Académies en cette enceinte, est l’anniversaire du jour fortuné, où, après trente années d’un exil encore plus fatal pour nous que douloureux pour lui-même, notre auguste monarque remit le pied sur le sol de la patrie. […] L’honneur que j’ai de parler au nom de l’Académie française, et, j’oserai le dire, le soin de ma propre considération, éloignaient de moi tout désir de donner à ce discours un caractère d’application directe et particulière, qui pût affliger des personnes, en désignant des écrits.
Mais, chers messieurs, sachez donc que nous parlions alors comme nous n’avons jamais fait depuis ; que, pleins de rêves et d’espérances ou de généreuses colères, nous parlions beaucoup plus et beaucoup mieux qu’aujourd’hui ; et que, lorsqu’on avait le tact de ne prendre la parole et de ne la garder qu’à propos, M. de Chateaubriand était le premier à se plaire à nos discours et à nous en savoir gré en s’y mêlant.
Laurent, cette capacité peu ordinaire serait suffisamment constatée et par les discours de Robespierre à la tribune, quoi qu’on en ait dit, et par sa conduite invariable au milieu de toutes les factions depuis 1789.