Mourir pour le pays est un si digne sort, Qu’on briguerait en foule une si belle mort. Mais vouloir au public immoler ce qu’on aime, S’attacher au combat contre un autre soi-même, Attaquer un parti qui prend pour défenseur Le frère d’une femme et l’amant d’une soeur, Et, rompant tous les noeuds, s’armer pour la patrie Contre un sang qu’on voudrait racheter de sa vie Une telle vertu n’était digne que d’eux. […] Du reste la tête nue, un bâton à la main, des souliers de cuir de porc-épic, et pour habit une saye de poil de chèvre liée d’une ceinture de joncs marins… Je le prenais pour une bête sous la figure d’un homme. » (Il y a trop de détails, cela fait paquet, il faut abréger, fortifier, mais certes voilà une étrange figure ; cet homme est digne qu’on le fasse parler ; il ne parlera pas comme tout le monde.
Un mari digne d’elle attirait autour de lui, par l’aristocratie de son rang et par le libéralisme un peu trop hostile de ses idées, tout ce qui tenait à la grande opposition en France et en Angleterre : c’était le salon des deux mondes. […] Les vers étaient beaux, raciniens, bibliques, dignes d’une main qui avait façonné tant de prose en rythmes aussi sonores que les plus beaux vers ; l’originalité seule manquait : c’était un écho de Racine et de David, ce n’était ni David ni Racine : c’était leur ombre, un pastiche d’homme de génie, mais pastiche ; cela ressemblait aux tragédies en monologues du Piémontais Alfieri, ce faux Sénèque d’une fausse Rome. […] Madame Récamier n’y perd pas, et M. de Chateaubriand y gagne ; on voit combien l’une était digne d’être aimée, indépendamment de sa beauté déjà pâlie ; on voit combien l’autre sut aimer, indépendamment de sa jeunesse morte et du désintéressement de toute espérance.
Au reste, le désir d’expliquer la philosophie, je l’ai conçu au milieu des malheurs et des guerres civiles de ma patrie, alors que je ne pouvais ni la défendre, selon ma coutume, ni demeurer oisif, ni trouver une occupation plus convenable et plus digne de moi. […] Villemain, digne d’une telle œuvre, a traduit et publié en France ces fragments. […] Quelle renommée, quelle gloire digne de tes vœux, prétends-tu acquérir parmi les hommes ?