Sans trop presser cette conjecture, il est du moins certain qu’il songea à combler un désir discret de la personne qu’il venait d’associer devant Dieu à sa destinée domestique. […] Quand elle a ainsi rappelé toutes les conditions imposées et toutes les obligations, ce caractère où se confond le personnage de mère, de sœur aînée et de religieuse, et qui a pour objet de former de pauvres nobles jeunes filles destinées à édifier ensuite des maisons religieuses, mais surtout des familles, et à renouveler le christianisme dans le royaume ; des jeunes filles à qui l’on dit sans cesse : « Rendez-vous à la raison aussitôt que vous la voyez. — Soyez raisonnables, ou vous serez malheureuses. — Si vous êtes orgueilleuses, on vous reprochera votre misère, et si vous êtes humbles, on se souviendra de votre naissance » ; — quand elle a ainsi épuisé la perfection et la beauté de l’œuvre à accomplir, on conçoit que Mme de Maintenon, s’arrêtant devant son propre tableau, ajoute : « La vocation d’une dame de Saint-Louis est sublime, quand elle voudra en remplir tous les devoirs. » Tout ne se fit point en un jour ; il y eut des années de tâtonnement, et même où l’on sembla faire fausse route.
On se prend à regretter, quand on considère le terme fatal et si prochain de sa destinée, que le brillant général n’ait pas été compris dans ce glorieux exil et dérobé par là aux intrigues de l’intérieur. […] La destinée de Joubert n’est qu’une ébauche, mais c’est à ce titre surtout qu’elle vivra.
Et puis l’humble poésie est à bord, après tout, du grand vaisseau de l’État, et telles seront les destinées de l’ensemble, telles aussi un peu les siennes en particulier. […] Qu’il vienne donc, qu’il soit né déjà, celui de qui dépendent nos prochaines destinées !