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1092. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Ce premier recueil de l’Olive, qui se composait principalement de cinquante sonnets à la louange d’une maîtresse, destinée par son nom à faire le pendant de Laure (le Laurier, l’Olivier), et qui n’était pas purement imaginaire, parut à la date de 1549, et devança de quelques mois, je le pense, la Défense et Illustration ; on n’y voyait que les initiales de Joachim Du Bellay. […] On se demande si les deux amis qu’il associe à ses destinées en étaient dignes par le talent ; je ne connais rien de Panjas : quant à Olivier de Magny, on a, entre autres Recueils, ses Soupirs, en grande partie composés pendant le séjour de Rome et publiés en 1557 ; ils sont comme le pendant des Regrets de Du Bellay, dont le nom revient presque à chaque page.

1093. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

On conçoit, on pressent cette fâcheuse destinée de Lanthenas, dès qu’on le voit adresser à Brissot des articles aussi niaisement intitulés que celui-ci : Quand le peuple est mûr pour la liberté, une nation est toujours cligne d’être libre, ou bien lorsqu’il propose à Bancal de faire quelque grande confédération pour travailler dans quelques années, en même temps en Angleterre et en France, à nous débarrasser absolument des prêtres. […] Certes, si quelque prophétique vision, quelque miroir enchanté lui avait déroulé à l’avance sa carrière publique si courte et si remplie, ses dépêches au Pape et au roi du fond du boudoir austère, son apparition toujours applaudie à la barre des assemblées, et, pour clore le drame, elle-même en robe blanche, la chevelure dénouée, montant triomphalement à l’échafaud, si elle eût pu choisir, certes elle n’aurait pas hésité ; comme l’antique Achille, elle eût préféré la destinée militante, tranchée à temps et immortelle, à quelque obscure félicité du coin du feu.

1094. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

On ne sait rien ou presque rien de la vie de La Bruyère, et cette obscurité ajoute, comme on l’a remarqué, à l’effet de son œuvre, et, on peut dire, au bonheur piquant de sa destinée. […] « L’on peut être touché de certaines beautés si parfaites et d’un mérite si éclatant, que l’on se borne à les voir et à leur parler146. » Il y a moyen, avec un peu de complaisance, de reconstruire et de rêver plus d’une sorte de vie cachée pour La Bruyère, d’après quelques-unes de ses pensées qui recèlent toute une destinée, et, comme il semble, tout un roman enseveli.

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