C’est un système où l’État prend et empiète le moins possible sur l’individu, lequel se développe et agit dans la plus grande latitude et la plus entière liberté. […] Il y a mieux : ce parfait état de société, cet ordre idéal et simple que M. de Girardin a en vue, je le suppose acquis et obtenu, je l’admets tout formé comme par miracle : on a un pouvoir qui réalise le vœu du théoricien ; qui ne se charge que de ce que l’individu lui laisse et de ce que lui seul peut faire : l’armée n’est plus qu’une force publique pour la bonne police ; l’impôt n’est qu’une assurance consentie, réclamée par l’assuré ; l’individu est libre de se développer en tous sens, d’oser, de tenter, de se réunir par groupes et pelotons, de s’associer sous toutes les formes, de se cotiser, d’imprimer, de se choisir des juges pour le juger (ainsi que cela se pratique pour les tribunaux de commerce), d’élire et d’entretenir des ministres du culte pour l’évangéliser ou le mormoniser… ; enfin, on est plus Américain en Europe que la libre Amérique elle-même, on peut être blanc ou noir impunément. […] Il a développé en toute rencontre sa thèse favorite, il a déployé son drapeau de la liberté illimitée de la presse, et a étonné plus que convaincu ceux mêmes qui pensent que, dans cette voie, on a quelque chose à réclamer encore.
Zeller, le tableau du caractère et de la destinée d’un peuple commence par la description précise du bassin géographique où il s’encadre, du climat sous lequel il habite et se développe. […] Là peut se développer la société à la fois la plus variée et la plus complète. […] Il l’a même étudié à part dans un ouvrage développé, les Empereurs romains 56, qui est d’un vif et grave intérêt.
J’ai tâché de développer dans ce chapitre combien il importait de soumettre à la démonstration mathématique toutes les idées humaines ; mais quoiqu’on puisse appliquer aussi ce genre de preuve à la morale, c’est à la source de la vie qu’elle se rattache ; son impulsion précède toute espèce de raisonnement. […] Ce principe peut être fortifié par tout ce qui agrandit l’âme et développe l’esprit. […] La vertu est de ce nombre ; elle est fille de la création, et non de l’analyse ; elle naît presque en même temps que l’instinct conservateur de la vie, et la pitié pour les autres se développe presque aussitôt que la crainte du mal qui peut nous arriver à nous-mêmes.