* * * Parmi tant d’aimables et délicats esprits qui se sont constitués de la race française, j’en connais assurément peu qui soient, autant que M. Maurras, délicats et charmeurs, sûrs et harmonieux. […] Si subtil écrivain, si érudit connaisseur, si délicat styliste que l’on soit, c’est le devoir du poète de ne jamais se désintéresser des affaires nationales, de ne jamais abdiquer ce rôle sublime de professeur de beauté, non seulement de beauté plastique, mais aussi de beauté morale. […] J’ai cru pouvoir m’attendrir aux notations délicates de Jean Viollis, me laisser entraîner par le souffle de Michel Abadie et savourer les vibrantes élégies d’Eugène Montfort sans renier pour cela les poètes qui n’ont pas l’heur d’appartenir au même cénacle, de même qu’à l’époque de la floraison symboliste, je n’ai jamais pensé qu’il fût nécessaire de jeter à bas le Parnasse pour célébrer dignement les Verlaine, les Vielé-Griffin et les Verhaeren. […] Il a su diriger son intuition, les antennes délicates de sa sensibilité, vers les paysages réels de la vie terrestre et bonne.
Dire qu’un homme est une brute, ce serait lui faire le compliment le plus délicat, car une brute est incapable de ne pas faire son devoir. […] À la prochaine adjudication, quand tous ces êtres trop délicats seront trépassés, on rétablira les impériales et cela paraîtra une découverte merveilleuse. […] La manutention d’un collier de perles de plusieurs millions est plus délicate. […] C’est tout le corps qui parle et il parle un langage délicat sensible seulement à l’intelligence. […] Est-ce aussi à ce moment-là que disparut la délicate porte Bouvreuil ?
Avec tout ce qu’il doit à l’auteur des Fêtes Galantes (il lui doit moins qu’on ne pourrait croire), Albert Samain est l’un des poètes les plus originaux et le plus charmant, et le plus délicat et le plus suave des poètes : En robe héliotrope, et sa pensée aux doigts, Le rêve passe, la ceinture dénouée, Frôlant les âmes de sa traîne de nuée, Au rythme éteint d’une musique d’autrefois… Il faut lire tout ce petit poème qui commence ainsi : Dans la lente douceur d’un soir des derniers jours… C’est pur et beau, autant que n’importe quel poème de langue française, et l’art en a la simplicité des œuvres profondément senties et longuement pensées. […] Il n’est pas seulement attendri ; il est tendre, et que de passion, et que de sensualité, mais si délicate ! […] Ses sympathies sont multiples et très diverses ; il aime tout. « Nourrissez-vous de tout ce qui a vie. » Obéissant à la parole biblique, il se fortifie à tous les repas que le monde lui offre ; il s’assimile la tendre ou la dure sauvagerie des paysans ou des marins avec autant de certitude que la psychologie la plus déliée et la plus hypocrite des créatures ivres de civilisation, l’inquiétante infamie des amours excentriques et la noblesse des passions dévouées, le jeu brutal des lourdes mœurs populaires et la perversion délicate de certaines âmes adolescentes. […] Quant au présent livre, il est ingénieux et original, érudit et délicat, révélateur d’une belle intelligence : cela semble la condensation de toute une jeunesse d’étude, de rêve et de sentiment, d’une jeunesse repliée et peureuse. […] C’est très simple, très délicat, très pur et parfois biblique : J’étais allé jusqu’au fond du jardin, Quand dans la nuit une invisible main Me terrassa plus forte que moi — Une voix me dit : C’est pour ta joie.