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760. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Un madrigal doit bien plûtôt être élégant qu’une épigramme, parce que le madrigal tient quelque chose des stances, & que l’épigramme tient du comique ; l’un est fait pour exprimer un sentiment délicat, & l’autre un ridicule. […] Souvent un maître n’aime pas la vérité, craint les raisons, & aime mieux un compliment délicat que de grands traits. […] De pareils traits plaisent à tout le monde, & caractérisent l’esprit délicat d’une nation ingénieuse. […] ) ne signifie ni au propre ni au figuré mince, leger, délié, d’une contexture rare, foible, ténue ; elle exprime quelque chose de délicat & de fini. […] Les loüanges que donnoit Despréaux à Louis XIV. ne sont pas toûjours également délicates ; ses satyres ne sont pas toûjours assez fines.

761. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

On les voulait aussi délicates, aussi raffinées, aussi subtiles que les mots et les tournures. […] Elles sont pourtant naturelles, et des esprits très délicats les ont plus d’une fois démêlées. […] Il ne connaît aucun de ces scrupules que les délicats, comme La Bruyère, aient mis en avant. […] Nous avons la fumisterie plus spirituelle et plus délicate. […] Elle souligne les moindres mots de Molière, et leur prête des intentions délicates et subtiles.

762. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Il faut que l’auditeur ait réfléchi ou senti avec énergie ou délicatesse pour entendre des pensées énergiques ou délicates, et jamais Hamlet ou Iphigénie ne toucheront un viveur vulgaire ou un coureur d’argent. […] Toute pédanterie, tout appareil de logique en est exclu ; rien de plus désagréable que la rouille scolastique à des gens bien élevés et délicats. […] Dryden n’est pas plus délicat que les hommes d’État et les législateurs. […] Un second talent, peut-être le premier en temps de carnaval, est l’art de dire des polissonneries, et la Restauration fut un carnaval à peu près aussi délicat qu’un bal de débardeurs. […] Rien de plus éloigné de Dryden que cet esprit original et mondain, philosophe et polisson786, le plus délicat et le plus nerveux des épicuriens, parent (à dix-huit cents ans de distance) d’Alfred de Musset et de Voltaire.

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