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850. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

L’esprit littéraire, dans sa vivacité et sa grâce, consiste à savoir s’intéresser à ce qui plaît dans une délicate lecture, à ce qui est d’ailleurs inutile en soi et qui ne sert à rien dans le sens vulgaire, à ce qui ne passionne pas pour un but prochain et positif, à ce qui n’est que l’ornement, la fleur, la superfluité immortelle et légère de la société et de la vie. […] Je n’exagérerai rien d’ailleurs ; et tout d’abord je ne craindrai pas de le définir, tel qu’il ressort pour moi de ce commerce plus intime où il se découvre. […] Mais retrouvant dans ses études sur l’Italie les illustres Sismondi de Pise, dont une branche était venue en France au commencement du XVIe siècle, et reconnaissant les mêmes armes de famille, il crut pouvoir se rattacher à eux, guidé par l’analogie, « sans actes d’ailleurs ni titre » ; il en convient : son véritable titre à cet anoblissement un peu arbitraire, ce fut son Histoire des Républiques italiennes.

851. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Je serais désolé qu’on s’emparât du mot, car on a déjà trop abusé de la chose ; le mot d’ailleurs est brutal ; il dénature un ton de toute finesse et qui n’est qu’une apparence. […] Ce n’est pas à nous, d’ailleurs, qu’il conviendrait de lui reprocher son admiration pour les maîtres, ce culte de la tradition qu’il sait entremêler au culte direct de la nature. […] D’ailleurs, l’éclat du ciel s’adoucit par des bleus si tendres, la couleur de ces vastes plateaux, couverts d’un petit foin déjà flétri, est si molle, l’ombre elle-même de tout ce qui fait ombre se noie de tant de reflets, que la vue n’éprouve aucune violence, et qu’il faut presque la réflexion pour comprendre à quel point cette lumière est intense… Elle se retire insensiblement devant la nuit qui s’approche, sans avoir été précédée d’aucune ombre.

852. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Mais pourtant ici l’initiative humaine est en première ligne et moins sujette aux causes générales ; l’énergie individuelle modifie, et, pour ainsi dire, s’assimile les choses ; et d’ailleurs, ne suffit-il pas à l’artiste, pour accomplir sa destinée, de se créer un asile obscur dans ce grand mouvement d’alentour, de trouver quelque part un coin oublié, où il puisse en paix tisser sa toile ou faire son miel ? […] » Sans doute à une époque d’analyse et de retour sur soi-même, une âme d’enfant rêveur eût tiré parti de cette gêne et de ce refoulement ; mais il n’y fallait pas songer alors, et d’ailleurs l’âme de Boileau n’y eût jamais été propre. […] Sa santé d’ailleurs, toujours si délicate, s’était dérangée de nouveau ; il éprouvait une extinction de voix et une surdité qui lui interdisaient le monde et la cour.

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