Je crois que nous ne saurons jamais exactement pourquoi une chose est belle. […] Je crois avoir assez bien défini le nouveau candidat à l’Académie française, celui-là même qui disait tantôt, avec autant d’élégance que d’exactitude : « J’ai divisé mes visites en trois groupes. » ..................A les bien prendre, nos jeunes poètes sont des mystiques. […] Pourtant j’ai cru pouvoir formuler une doctrine avant de la réaliser. […] Le public a besoin de croire que les augustes poètes que nous admirons comme lui et dont les ombres lumineuses sont des soleils de nos rêves, s’abandonnèrent sans calcul au caprice de leur tempérament, parce qu’ils dédaignèrent de dire leur esthétique. […] Et ces jeunes poètes eux-mêmes que vous traitez de mystiques — j’en sais plus d’un que le mot ne fâcherait point si contradictoires et nuageuses que soient leurs aspirations, je ne crois pas impossible d’y démêler une certaine et suffisante unité.
Claveau sur « l’Humanisme »a ayant vivement ému la jeune école littéraire qui s’inspire de cette doctrine, nous avons cru intéressant et utile, pour la loyauté de la discussion, de mettre sous les yeux de nos lecteurs la réponse de M. […] Le vers libre lui-même, je le crois, est capable de vraies beautés, s’il sait à la fois, selon la remarque récente d’un des esprits les plus indépendants du symbolisme, « se symétriser et se styliser ». […] * * * Puisque les poètes d’une génération sont nécessairement amenés à se grouper sous une appellation commune, je crois que le mot le plus juste qui puisse qualifier le mouvement de la nouvelle génération est le beau mot, rajeuni et élargi encore à cette occasion, d’Humanisme. […] Mais croyez-vous qu’en le niant vous le supprimez ? […] Il n’est pas nouveau, comme vous le croyez ; il est même vieux et absolument démodé, il date de 1830, il est tout entier chez Musset et les premiers romantiques : J’y saluerais d’abord l’homme qui s’est fait dieu.
On croit à une idée entrevue, et on est terrassé par un rien ! […] Lui qui pensait tout et qui pensait à tout, il avait dû les faire, sous un autre nom, dans son encyclopédique Comédie humaine, et c’est ce vide énorme laissé par Balzac qu’une femme aujourd’hui a cru pouvoir combler ! L’a-t-elle vraiment cru ? […] Elle n’a rien cru, ni ne s’est rien permis ; mais elle voulait écrire, mais elle était piquée de la démangeaison d’écrire, mais elle avait le prurit du livre, dont elles sont toutes malades, les femmes du xixe siècle ! […] Elle croit que tout est dans la culture de l’esprit ; qu’avec de la pisciculture intellectuelle, on ferait des têtes de femme, des têtes d’homme, comme on fait des huîtres ; et cela pourrait bien être, puisque je me suis laissé dire que les huîtres étaient un mêli-mêlo des deux sexes !