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1409. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

À ce reproche possible, je répondrai qu’effectivement la note sympathique résonne plus souvent dans la Bataille littéraire, que la note aigre de la critique quand même. […] En matière de critique, j’estime que le compte rendu, c’est la probité. […] Je ne parle ici que des critiques qui croient être chargés d’une mission de rigueur, traitant les auteurs comme des inculpés ; il ne saurait être question des grands écrivains dont le talent dépasse la critique et que le public applaudit surtout comme virtuoses. […] Mais j’avouerai cependant que ma critique s’arrête toujours à un certain point et que je ne puis m’empêcher de saluer une belle peinture dans quelque cadre qu’elle se présente. […] De quelque crédit qu’on honore un critique, rien ne vaut dans son plaidoyer, pour ou contre, un exemple tiré de l’œuvre qu’il veut louer ou blâmer.

1410. (1923) Au service de la déesse

Allons, je le veux bien : le critique nettoie et balaye devant le temple. […] La critique verbale est aujourd’hui prudente et conservatrice. […] La critique des institutions met le trouble dans l’État. […] Pierre Lasserre est un critique de bonne foi. […] Claudel comme un poète du moyen âge : vos critiques tombent, vos critiques d’humanistes fieffés.

1411. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Le reste de la presse assez ergoteuse, déclarant que ma pièce est une œuvre ordinaire, où cependant se rencontrent une certaine délicatesse, et un style sortant de l’écriture courante des drames de tout le monde… En lisant les journaux, je suis frappé par la sénilité des idées et des doctrines chez les critiques dramatiques. […] Chez les critiques littéraires, une transfusion de jeune sang s’est faite, et les plus arriérés, les plus inféodés au classicisme étroit, sont moins fermés, plus ouverts aux choses nouvelles de la littérature, tandis que les critiques dramatiques, surtout ceux des petits journaux populaires, des petits journaux illustrés, sont restés de vrais critiques du temps de la Restauration. Oh, la grande place à prendre pour un jeune lettré, spirituel, méchant avec talent, qui intitulerait un article, paraissant toutes les semaines : La critique de la critique, et ferait ressortir les trop fortes âneries de ces messieurs ! […] Vraiment le critique devrait être moins féroce à notre égard, il nous devrait vraiment un peu de reconnaissance, pour lui avoir donné l’idée de publier, un an après l’apparition des Hommes de lettres qu’il avait beaucoup louée, les Jeudis de madame Charbonneau, le seul succès qu’il ait jamais eu en littérature. […] L’une d’elles lui avait dit : « Oui, les sentiments de Goncourt sont bien des aspirations de femmes, mais pas assez maintenues dans le vague des choses féminines… ce sont des aspirations de femmes masculinisées par l’auteur. » Voilà peut-être le blâme le plus délicatement juste du livre, et ce n’est point, comme on le voit, un critique qui l’a trouvé.

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