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1305. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 413-414

Le Dissertateur y paroît plein de sagacité, & habile Critique.

1306. (1904) Zangwill pp. 7-90

  Telle est non point la caricature et la contrefaçon des méthodes historiques modernes, mais leur mode même, leur schème, l’arrière-pensée de ceux qui les ont introduites avant nous, de ceux qui les pratiquent parmi nous ; assistez à une soutenance de thèse historique ; la plupart des reproches que le jury adresse au candidat reviennent à ceci : que le candidat n’a point épuisé toute l’indéfinité, toute l’infinité du détail ; je ne dis pas que les membres du jury l’épuisent dans leurs propres travaux ; mais ce que je dis, si vous assistez à une soutenance de thèse et que vous entendiez bien, que vous interprétiez les critiques du jury, c’est qu’elles reviennent généralement à cela ; il faut avoir épuisé l’infinité du détail pour arriver au sujet ; et dans le sujet même il faut, par multipartition, avoir épuisé une infinité d’infinité du détail ; la manière dont on traite le sujet, quand on est parvenu au sujet, revient en effet à le traiter lui-même comme un chemin, comme un parcours, comme un lieu de passage indéfiniment détaillé, comme un circuit lui-même, à faire en définitive comme s’il n’était pas le sujet, à faire qu’il ne soit pas le sujet. […] On m’a dit que vous possédez même un biais pour rendre concevable l’immortalité des individus. » Nous ne pouvons pas laisser, même pour aujourd’hui, cette immortalité des individus ; car ce dogme de l’immortalité individuelle fait le point critique de presque toutes les doctrines ; c’est là que le critique attend le métaphysicien ; car c’est là que se révèlent les arrière-plans de l’espérance ; particulièrement ici le dogme de l’immortalité individuelle fera le point critique de la doctrine ; c’est à ce dogme en effet que nous allons reconnaître comment, dans les rêves de ce Théoctiste, l’humanité ou la surhumanité Dieu obtient sa mémoire totale ; nous y voyons dès les premiers mots qu’elle ne l’obtient point par une réelle résurrection des individus réels, qu’elle ne l’obtient point proprement par ce que nous nommons tous la résurrection des morts, mais que la surhumanité Dieu, dans les rêves de ce Théoctiste, obtient la totalisation de sa mémoire par une reconstitution historique, par une totalisation de l’histoire, par la résurrection des historiens, par le règne et par l’éternité de l’Historien. […] Il a fallu la profondeur, la philosophie, la science, l’universalité, la critique, le panthéisme de l’Allemagne et du dix-neuvième siècle pour produire un Goethe. […] Dans sa grande franchise et netteté universitaire il passe d’un énorme degré les anticipations précautionneuses de Renan ; Renan ne donnerait pas prise à de tels reproches ; il ne donnerait pas matière à de telles critiques ; il ne donnerait pas cours à de tels ridicules : Renan n’était point travaillé de ces hypertrophies : lui-même il endossait trop bien le personnage de ses adversaires, de ses contradicteurs, de ses critiques éventuels ; toute sa forme de pensée, toute sa méthode, tous ses goûts, tout son passé, toute sa vie de travail, de mesure, de goût, de sagesse le gardaient contre de telles exagérations ; il n‘a jamais aimé les outrances, et, juste distributeur, autant et plus averti sur lui-même que sur les autres encore, il ne les aimait pas plus chez lui-même et pour lui-même qu’il ne les aimait chez les autres ; il aimait moins les outrances de Renan que les outrances des autres, peut-être parce qu’il aimait Renan plus qu’il n’aimait les autres ; comme Hellène il se méfiait des hommes, et des dieux immortels ; comme chrétien, il se méfiait du bon Dieu ; comme citoyen, il se méfiait des puissances ; et comme historien, des événements ; comme historien des dieux, et de Dieu, mieux que personne il savait comment en jouer, et quelles sont les limites du jeu ; il était un Hellène, un huitième sage ; il connaissait d’instinct que l’homme a des limites ; et qu’il ne faut point se brouiller avec de trop grands bons Dieux ; il s’était donc familièrement contenté de donner à l’humanité, à l’historien, les pouvoirs du Dieu tout connaissant ; il n’eût point mis à son temple d’homme un surfaîte orgueilleux et qui bravât la foudre. […] ; de tels poëmes ne sont point faits pour les besoins des historiens ou des critiques de la littérature ; qu’on lise d’abord sans aucune arrière-pensée d’utilisation ce poëme unique, cet étrange et cet admirable poëme ; il sera toujours temps d’en parler plus tard ; si jamais l’impression reçue de la lecture s’efface un peu, et ainsi atténuée permet aux considérations d’apparaître sans paraître trop misérables en comparaison du texte.

1307. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

C’est Taine, l’incarnation en chair et en os de la critique moderne, critique à la fois très savante, très ingénieuse, et très souvent fausse au-delà de ce qu’on peut imaginer. […] qu’est-ce que tu veux… moi je serai forcé de t’appeler un critique !  […] Il y a de la belle passion désintéressée dans les haines du critique. […] » Et le mot lancé, soudain le critique pâlit dans sa soupe. […] C’est la grande critique qui nous a discutés, jugés, appréciés.

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