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985. (1899) Arabesques pp. 1-223

Folantin ou qu’il se fasse le biographe attendri de Barbe-Bleue qui violait de petits garçons et craignait le Diable ; qu’il vante les pauvres artifices de des Esseintes ou qu’il s’extasie devant sainte Lydwine dont les ulcères exhalaient, affirme-t-il, une odeur de cannelle ; qu’il raille l’art équilibré de M.  […] Où le catholicisme est encore à craindre, ce n’est donc pas dans l’art, c’est dans la vie sociale. […] Le vent semble craindre d’émouvoir les feuilles ; une brume bleuâtre baigne les massifs ; le gazon descend en pentes molles vers l’étang où voguent des cygnes indolents ; les heures, que tinte mélancoliquement l’horloge du palais abandonné, s’attardent dans l’air lourd. […] Nul feuillage ne l’égayait, nulle saison ne le changeait ; l’oiseau s’y posait à peine, comme si, en touchant la masse échappée du feu central, il eût craint de se brûler les ailes. […] C’est grâce à ces deux vertus qu’il obligea son corps maladif de recouvrer plusieurs fois la santé et qu’il parvint à écarter ces avalanches d’inquiétudes et de doutes toujours suspendues sur la tête de ceux qui ne craignent pas de se colleter avec la pensée.

986. (1893) Alfred de Musset

La critique injuste n’est jamais à craindre. […] Pourquoi craindrais-je de te le dire ? […] Je ne crains plus rien, n’espère plus rien ; j’ai fini sur la terre. […] Je voulais te dire d’avance tout ce qu’il y avait à craindre entre nous. […] C’est un doux rêve dialogué, par lequel il faut se laisser bercer sans exiger trop de logique et sans craindre de laisser vaguer son imagination.

987. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

des loups, il n’y en a point, fis-tu en riant, car la bastide n’est pas loin ; et puis s’il faut être belle pour craindre d’être dévorée, je n’ai pas peur et le loup ne me fera rien. […] Charles Buet s’est fait, je le crains fort, l’écho de cette École. […] Je crains que l’étude de la Phèdre antique, et même de la Phèdre christianisée déjà de notre Racine, n’ébranle un peu la théorie de M.  […] je crains fort qu’il n’ait jamais qu’une existence artificielle, aristocratique, tant que l’éducation artistique de la foule ne sera point faite ; et celle-ci, qui donc la fera ? […] Il y a là, me semble-t-il, quelque chose de la paralysie que craignait Mme Pardo Bazan.

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