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972. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Mais le chevrier lui explique (ce que le pasteur de brebis ne sait pas) qu’il craindrait de réveiller le dieu Pan, qui a coutume de dormir à cette heure du jour ; il lui indique de préférence un autre lieu ombragé, où président des dieux plus indulgents, Priape et les Nymphes des fontaines ; et à son tour il le prie de chanter. […] Et ceux qu’elles regardent d’un œil de joie, ceux-là n’ont rien à craindre des breuvages funestes de Circé. » Il semble indiquer par là que c’est un de ces breuvages de passion insensée qui l’a un moment égaré dans l’intervalle, mais qui n’a pas eu puissance de le perdre, parce qu’il possédait le préservatif souverain des Muses. […] elle lui a pris la main pour toute réponse ; elle sent d’ailleurs qu’il n’y a guère à insister sur ce qui suit, et elle semble craindre d’en parler trop longuement à la chère Lune elle-même.

973. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

L’orateur, le poète, le moraliste, le philosophe s’appuient sur ce livre, et tout ce que nous pouvons dire de plus fort à sa gloire, ajoutent-ils, c’est que, après l’invasion des superstitions indiennes, tartares ou thibétaines en Chine, si l’idolâtrie, qui est la religion des empereurs et du peuple, n’est pas devenue la religion du gouvernement, c’est ce livre de Confucius qui l’a empêché, et si notre religion chrétienne, disent-ils enfin, n’a jamais été attaquée par les savants lettrés du conseil impérial, c’est qu’on a craint de condamner, dans la morale du christianisme, ce qu’on loue et ce qu’on vénère dans le livre de Confucius. » Il commence par des maximes de sagesse que nous traduisons ici du latin, dans lequel les jésuites ont traduit, il y a un siècle, ces passages : « C’est le Tien, Dieu, le Ciel, trois noms signifiant le même grand Être, qui a donné aux hommes l’intelligence du vrai et l’amour du bien, ou la rectitude instinctive de l’esprit et de la conscience, pour qu’ils ne puissent pas dévier impunément de la raison…… En créant les hommes, Dieu leur a donné une règle intérieure droite et inflexible, qu’on appelle conscience : c’est la nature morale ; en Dieu elle est divine, dans l’homme elle est naturelle… « Le Tien (Dieu) pénètre et comprend toutes choses ; il n’a point d’oreilles, et il entend tout ; il n’a point d’yeux, et il voit tout, aussi bien dans le gouvernement de l’empire que dans la vie privée du peuple. […] Peut-être dit-on de moi que je me complais si fort dans l’exercice de l’autorité suprême que je craindrais, en me nommant publiquement un successeur, d’en voir la diminution ou quelque affaiblissement. […] On sait que je ne m’en tiens point à une compassion stérile envers ceux qui ont eu à souffrir ; je m’empresse à leur procurer du soulagement aussitôt que je suis instruit de leurs besoins, et, comme je crains que les mandarins ne m’en informent pas d’eux-mêmes, je m’en informe moi-même auprès d’eux.

974. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Mais nous avons craint de paraître impie envers le Créateur en prenant la création en flagrant délit de méchanceté ou de ridicule : le vase même mal façonné, même brisé, doit respecter le potier. […] Aucun scrupule cependant ne m’a entravé ; je ne crains ni enfer ni diable ; je n’ai ni biens, ni argent, ni honneurs, ni crédit dans le monde : un chien ne voudrait pas de la vie à ce prix-là ! […] Chère mignonne, ne le crains pas.

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