Donc ils écrivaient des pièces83 invitant à desserrer les mailles du filet qui enlace les époux, ou bien même ils revendiquaient fièrement pour chacun d’eux le droit de reprendre son indépendance, dès que l’affection mutuelle, seul lien ayant une valeur morale en pareille occurrence, a disparu par un coup brusque ou une usure lente. […] Rabelais incarne les porteurs de toques et d’hermine, tantôt dans le bonhomme Bridoye décidant à coups de dés les procès qu’il a laissés mûrir au fond d’une armoire, tantôt dans les Chats fourrés, bêtes horribles et puantes, nourries de sang et de corruption, armées de griffes acérées et d’énigmes horrifiques. […] Victor Hugo, tantôt flagelle le riche juré qui condamne un pauvre hère, coupable d’avoir volé un pain pour nourrir sa famille, et il en appelle au Christ pensif et pâle, Levant les bras au ciel dans le fond de la salle, tantôt il traîne dans la boue la robe rouge des hauts magistrats qu’il assimile à la casaque rouge des forçats, parce que ces punisseurs officiels de la trahison se sont faits complices d’un coup d’État qui a réussi Enfin il n’y aurait pas à chercher bien loin, si l’on voulait signaler une dernière révolte des « intellectuels » contre les superstitieux adorateurs de la chose jugée.
Cette Bonne Vieille rappelle, sans du tout l’effacer, certain sonnet admirable de Ronsard à sa maîtresse, ce qui n’empêche pas Béranger de donner, dans sa préface de 1833, un petit coup de patte à Ronsard, qui était peu en faveur alors. […] Si haut que soit le poète, et fût-il monté pendant la durée du couplet jusqu’au premier étage ou jusqu’au belvédère, il faut qu’il redescende tout d’un coup brusquement, quatre à quatre, pour tirer à temps ce malheureux cordon du refrain. […] Ce que j’appelle le coup de cordon est très sensible dans les derniers couplets du Dieu des bonnes gens.
Arago paraisse avoir eu connaissance, mais les écrits pamphlets du moment, ceux dans lesquels il distribuait à droite et à gauche ses petits coups de stylet empoisonné (comme le lui disait André Chénier) ; quand on vient de parcourir la suite d’articles qu’il a donnés à la Chronique de Paris, par exemple, depuis le 15 novembre 1791 jusqu’à la journée du 10 août 1792 et au-delà, on éprouve un sentiment de tristesse et presque de commisération. […] C’est cette même haine rationnelle qui porte Condorcet à insulter du même coup Colbert, dont M. […] On dénigre, on méprise les gens en détail, et tout à coup on se met à exalter l’humanité en masse et à tout en espérer.