Ses portraits, quoique très-brillans, se ressemblent presque tous ; l’auteur a puisé toutes ses couleurs dans l’antithèse ; il l’emploie par-tout ; & l’on pourroit en compter plus de mille. […] Le public frappé par le brillant des couleurs, ferme les yeux aux défauts ; & si M. de Voltaire est moins estimé que nos trois grands Poëtes, il est plus goûté, puisqu’il est plus suivi. […] Il avoit le talent de saisir les traits essentiels d’un caractère & de le peindre des couleurs qui lui sont propres. […] La Fontaine, qui a été son rival parmi nous, a des couleurs plus vives sans en avoir moins de naïveté & des graces.
Plume habile, savante en couleurs, curieuse en nuances, cherchant l’art pour l’art, ayant moins à dire qu’à décrire, il a fait dans son genre des miracles de hardiesse et d’adresse ; il a fait rendre à notre langue plus qu’elle ne pouvait jusque-là. […] Mais ce n’est pas là, pour l’art, une veine aussi neuve et aussi profonde que M. du Camp le suppose, et de tout temps, surtout chez nous au xviiie siècle, il y a eu des poètes descriptifs jaloux de prendre à la science ou même à l’industrie ce qui prête au tableau, aux couleurs, et de renouveler ainsi leur matière.
Il y avait plus de nuances que d’éclat ; l’esprit y était fin et doux, — couleur gris de perle, si l’on voulait à toute force lui trouver une couleur.