Sous couleur d’attaquer les erreurs de l’antiquité païenne, il fait deux petits traités, l’un sur « l’Origine des fables », l’autre sur « les Oracles », qui sont de petits chefs-d’œuvre de malice tranquille et grave, et de scepticisme à la fois discret et contagieux. […] Il nous le renvoie, comme ferait un miroir qui, seulement, saurait concentrer les images, aviver les contours, et rafraîchir les couleurs. — Mais cela revient presque à dire, ou mène à croire que le « bon réaliste » ne doit pas avoir de personnalité. — Ce ne serait point une idée si fausse. […] Une scène épisodique réaliste a de la saveur au théâtre ; mais les grandes passions éternelles (sous de nouvelles couleurs et regardées d’un nouveau point de vue, tous les cinquante ans), voilà toujours le fond où il ne faut pas tarder à revenir, et où le spectateur vous ramène. […] J’ai un goût pour l’étude des sentiments humains en eux-mêmes, et ce goût ne s’accommode guère du souci de la couleur des temps et des lieux. […] La couleur locale de la comédie, c’est le réalisme.
. — Vers la même époque, on voyait son attention se fixer sur le dos d’un fauteuil d’une couleur vive et tranchée, sur un rideau, sur le jour qui venait par la fenêtre, sur la lumière d’une lampe. […] Jusqu’au dix-septième mois, point de mots généraux et compris comme tels. — Ils n’ont apparu que du dix-septième au vingtième mois ; toujours ils ont désigné d’abord un objet individuel et dans cet objet un caractère général ; Loulou (nom du chien, l’enfant l’a très vite appliqué aussi à d’autres chiens), Minet (appliqué tout de suite à plusieurs chats), tuture (voiture, appliqué à ses diverses petites voitures), dada (appliqué à tous les chevaux qui passent sur la route), l’eau, l’eau (appliqué également au lac et aux ruisseaux), cocotte (appliqué également aux oiseaux et aux papillons), fleurs (assez tardivement, et avec un certain embarras, une certaine peine pour reconnaître une similitude entre des couleurs et des formes si différentes).
Une veste de couleur sombre rapiécée, les manches retroussées comme celles d’un ouvrier qui quitte son ouvrage ; une culotte de velours tachée d’encre, des bas de laine bleue, des souliers attachés sur le cou-de-pied par des ficelles ; une chemise sale et ouverte sur la poitrine, des cheveux collés aux tempes et noués par derrière avec une lanière de cuir, un chapeau rond à larges bords retombant sur les épaules : tel était l’accoutrement de Marat à la Convention. […] Elle regarde surtout les fenêtres des étages supérieurs, où flottaient des banderoles aux trois couleurs, enseignes de patriotisme.