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640. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

On peut donc continuer à imaginer, comme par le passé, des coupes instantanées d’un Temps unique et des simultanéités absolues d’événements. […] Vous-même, d’ailleurs, vous continuez à admettre la légitimité de ce sens originel du mot, en même temps que sa primauté, car lorsque S′ vous paraît en mouvement, lorsque, parlant de la concordance entre horloges du système, vous semblez ne plus penser qu’à la simultanéité savante, vous faites continuellement intervenir l’autre, la vraie, par la seule constatation d’une « simultanéité » entre une indication d’horloge et un événement « voisin d’elle » (voisin pour vous, voisin pour un homme comme vous, mais immensément éloigné pour un microbe percevant et savant). […] On peut dire que les horloges de S′, qui continuent à être accordées entre elles selon les mêmes procédés, par signaux optiques, marquent la même heure quand elles devraient marquer des heures différentes ; elles notent de la simultanéité dans des cas où il y a effectivement succession. […] Et il n’a pas de peine à se le démontrer, car du moment qu’il représente toutes choses selon les règles de perspective qu’il a adoptées, ce qui est cohérent dans la réalité continue à l’être dans la représentation. […] Car l’image fantasmatique de son expérience, image qui lui montre comment cette expérience apparaîtrait, si le dispositif expérimental était en mouvement, à un observateur immobile pourvu d’un nouveau système de référence, est sans doute une déformation temporelle et spatiale de l’image première, mais une déformation qui laisse intactes les relations entre les parties de l’ossature, conserve telles quelles les articulations et fait que l’expérience continue à vérifier la même loi, ces articulations et relations étant précisément ce que nous appelons les lois de la nature.

641. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Nous vivons encore aujourd’hui de sa séve, et nous ne faisons que continuer sa poussée et son effort. […] Chaque jour il écrit les pensées d’amour qui l’agitent, et dans ce long journal continué pendant cent pages, on sent le souffle embrasé croître à chaque instant. […] Rien de forcé dans cet assemblage ; l’épopée idéale, comme un ciel supérieur, accueille et concilie les deux mondes ; un beau songe païen y continue un beau songe chevaleresque ; l’important, c’est qu’ils soient beaux l’un et l’autre. […] La fête et la représentation continuèrent, et la plupart des acteurs s’en allèrent ou se laissèrent choir, tant le vin occupait leur étage supérieur… Alors parurent, en riches habits, la Foi, l’Espérance et la Charité. […] Continuez, il y a pis. « L’habitude vous engage peut-être à me tuer ; mais n’ajoutez pas à ce meurtre un suicide et un sacrilége, trois péchés en trois meurtres. » Comprenez-vous ?

642. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Les Jésuites peuvent-ils être admis à taxer d’extravagance ou de singularité ceux qu’après deux cent cinquante ou trois cents ans ils continuent de célébrer en ces termes ? […] Si l’on voulait quelle continuât de se dire chrétienne, d’accorder à la religion les honneurs du culte extérieur, il fallait donc qu’on lui rendît le christianisme facile. […] L’action destructive de ses idées se continue après, et va bien au-delà de ses idées mêmes. […] Favorisé qu’il était par de nombreuses causes — dont les troubles de la fin du siècle, et le caractère plus qu’impie des querelles de religion, n’avaient pas sans doute été la moins agissante, — le mal avait continué de croître. […] Il continue cependant d’exister une société de cartésiens, et, comme nous l’avons dit, l’espèce a bien pu s’en cacher, elle ne s’est pas perdue.

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