. — Comment les convoitises extrêmes et le manque de conscience sont le domaine naturel de l’imagination passionnée. […] Il était marié, il avait des enfants, une famille qu’il allait voir « une fois l’an », et c’est probablement au retour d’un de ses voyages qu’il dit les paroles qu’on vient d’entendre. — La conscience ? « L’amour est trop jeune pour avoir une idée de la conscience. » — La jalousie et la colère ? […] À un certain degré finit la conscience ; la nature prend sa place, et l’homme court sur ce qu’il désire sans plus penser au juste ni à l’injuste qu’un animal de la forêt voisine. […] Soudain, blessé par sa conscience, il voit le spectre de l’homme engorgé ; car ce fantôme qu’amène Shakspeare n’est pas une machine de théâtre ; on sent qu’ici le surnaturel est inutile, et que Macbeth se le forgerait, quand même l’enfer ne le lui enverrait pas.
. — Il ne s’agit plus, cette fois, des petits vices de chaque jour, des petits ridicules qui obéissent à Paris, qui commandent à Versailles ; il s’agit des plus chers intérêts de la conscience, il s’agit, non pas de cette vie terrestre, mais de la vie éternelle. […] ils n’ont pas vu que dans ce grand drame qu’ils défaisaient à plaisir, il s’agissait de la conscience, cet inévitable châtiment du coupable ! […] » À cette réponse touchante, un homme moins endurci rentrerait en lui-même, et resterait pensif à ce cri énergique d’une conscience honnête. […] Malheur à vous et malheur à nous qui avions besoin de la paix du monde et de la paix de nos consciences ! […] Ces questions souveraines de la conscience, ce débat d’une âme qui s’agite entre Dieu et le néant, valent la peine, selon nous, que le rire s’arrête quand elles commencent ; Molière lui-même ne parviendra jamais à nous faire rire de la démonstration de l’existence de Dieu.
Ce que la morale révèle à la conscience sous la forme de préceptes, l’esthétique a pour but de le montrer aux sens sous la forme d’images. […] Ce sont deux modes de notre éducation, à la fois sensible et intellectuelle, qui se touchent dans la conscience, ne différant entre elles que par l’organe ou la faculté qui leur sert de véhicule. […] le siècle est laid, c’est possible ; mais pourtant, en conscience, pas si laid que cela ! […] Près de lui se tient, penchée sur son épaule, une femme, dans le costume de la nudité la plus complète et la moins chaste, quoiqu’elle essaie, par acquit de conscience, de ramener à elle un coin de draperie. […] Acceptons courageusement le bien et le mal de notre condition, en subordonnant les satisfactions de notre amour-propre à telles de notre conscience, résignons-nous en un mot à n’être que des hommes, des hommes de notre temps, et nous entreverrons bientôt clairement la voie qui peut conduire l’art moderne à sa régénération.