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808. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Joignons-y Molière, quoiqu’il semble devoir plus à sa droiture d’instinct et de génie qu’à l’imitation des anciens : il les connaissait pourtant, il les étudiait, il les aimait, même ce robuste Plaute qui répugnait à la délicatesse de son temps. […] Je n’ai pas à raconter ici la querelle des anciens et des modernes : on en trouvera le détail dans l’ouvrage bien connu de Rigault, comme l’Histoire de la Critique de M. Brunetière fera connaître l’importance et les conséquences générales de ce débat dans l’évolution de la littérature et du goût français. […] Supprimer la forme dans l’éloquence et dans la poésie, c’était hardi pour un homme qui prétendait se connaître aux arts. […] Il y a même des genres de poésie que les Latins n’ont pas connus, comme « ces poèmes en prose que nous appelons romans ».

809. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Mais le geste était supérieur à Zola, dépassait Zola, comme ce mot qu’il dit inattentif à la cour d’assises : « Je ne connais pas la loi. » Le prétendu révolutionnaire ferma les yeux, terrifié par la belle lumière antisociale que la Parole venait de faire en lui et autour de lui ; il s’excusa, tremblant comme un enfant dont la main a tourné, machinale, un bouton quelconque et qui voit les ténèbres soudain s’éclairer. […] Il la connut infiniment trop, la loi, et aussi la procédure, celui que ce verbe inspiré aurait dû transformer. […] Tu t’écries : « Je ne connais pas de pages plus hautes, plus éloquentes. […] Vous reculez d’horreur devant notre charité « scientifique » habilement organisée par des gens « qui connaissent la valeur monétaire de la philanthropie » et devenue une fructueuse « opération industrielle ». […] Vous savez quels sont les vrais biens ; vous connaissez l’emplacement réel du paradis et le chemin qui y conduit.

810. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

« Converser et connaître, c’était en cela surtout que consistait, selon Platon, le bonheur de la vie privée. » Cette classe de connaisseurs et d’amateurs, si faite pour éclairer et pour contenir le talent, a presque disparu en France depuis que chacun y fait un métier. […] Il causa donc avec les gens de lettres en renom ; il connut Marmontel, La Harpe, d’Alembert ; il connut surtout Diderot, le plus accueillant par nature et le plus hospitalier des esprits. […] Joubert auprès de M. de Chateaubriand, qu’il connut en 1800, dès le retour de celui-ci de Londres. […] Elle avait connu autrefois et goûté André Chénier. […] Comme elle faisait fi de la vie, il lui en prêchait constamment le soin et l’amour ; il aurait voulu lui rapprendre l’espérance : Je suis payé, lui écrivait-il, pour vous désirer la santé, puisque je vous ai vue ; j’en connais l’importance, puisque je n’en ai pas… Cela, dites-vous, serait plus tôt fait.

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