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254. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Necker n’est pas revenu de son opinion sur le peuple et sur le gros de la nation : il transporte de ce côté son illusion et sa confiance ; il se fait l’idée d’une nation tout aimable, sensible, aisée à conduire et à ramener, sans corruption et sans vices, et il ne perd cette idée qu’à la dernière extrémité. […] tandis qu’avec un peu de retenue dans ses systèmes, avec un peu d’égards envers les opprimés, avec un peu de ménagement pour les antiques opinions, surtout avec un peu d’amour et de bonté, c’est par des liens de soie qu’on eût conduit au bonheur toute la France. […] Necker, de la manière la plus claire et la plus positive sur les avantages et les désavantages de mon caractère ; et, lors d’une conférence qui se tint dans le cabinet de Sa Majesté vers l’époque de la convocation des États généraux, et où les principaux ministres assistèrent, je me souviens d’avoir été conduit, par le mouvement de la discussion, à dire devant le roi qu’aussi longtemps qu’un esprit sage, un caractère honnête, une âme élevée pourraient influer sur l’opinion, je serais peut-être un ministre aussi propre à servir l’État que personne ; mais que, si jamais le cours des événements exigeait un Mazarin ou un Richelieu, ce furent mes propres expressions, dès ce moment-là je ne conviendrais plus aux affaires publiques.

255. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

J’aimerais avoir sur l’activité guerrière des Israélites d’Algérie des précisions que je n’ai pu me procurer12 ; mais, passant à un autre compartiment de ce même chapitre des adoptés qui se conduisent en bons Français pour payer et justifier leur adoption, j’apporte un témoignage certain qui nous met devant une âme noble et véhémente, et nous introduit au milieu des tourments intimes de l’Israël francisé.‌ […] D’ailleurs, ils peuvent trouver dans cette situation même une raison de se dévouer, et Robert Hertz, fils d’Allemand, nous fait voir en termes admirables que se connaissant comme un adopté il veut se conduire de manière à mériter son adoption. […] ‌ Trois jours plus tard, s’étant proposé pour conduire une reconnaissance, il pénètre dans le village de Bezange-la-Grande.

256. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « FLÉCHIER (Mémoires sur les Grands-Jours tenus à Clermont en 1665-1666, publiés par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont.) » pp. 104-118

» C’était bien un maître de Fénelon en effet, celui qui, avec Pellisson, Bussy et Bouhours, et plus qu’aucun d’eux, contribua à mettre en honneur la culture polie, la régularité ornée et simple, à conduire la langue, selon sa propre expression, dans un canal charmant et utile 42. […] L’on a mis enfin dans le discours tout l’ordre et toute la netteté dont il est capable : cela conduit insensiblement à y mettre de l’esprit. » Certes Fléchier, plus qu’aucun, avait réussi à donner ou à rendre au style toutes ces qualités requises par La Bruyère, et ce n’était pas l’esprit non plus qui lui avait manqué pour l’y ajouter insensiblement.

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