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1819. (1910) Rousseau contre Molière

Conduisez-vous d’après la maxime susdite, et vous verrez… ». […] La femme a plus d’esprit et l’homme, plus de génie ; la femme observe et l’homme raisonne ; de ce concours résultent la lumière la plus claire et là science la plus complète que puisse acquérir de lui-même l’esprit humain… » Voilà qui est bien ; mais si la jeune fille ne peut pas et ne doit pas acquérir dans les livres la connaissance des cœurs humains et si, d’autre part, cette connaissance lui est indispensable, reste qu’il faut la conduire dans le monde de très bonne heure, et alors que devient Sophie, l’idéale Sophie, élevée, sans un seul livre, sans un seul voisin de campagne, par son père et sa mère, dans un hameau ?

1820. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

On voyait aussi rue Balzac l’explorateur Foa, le tueur de panthères, qui nous a laissé de beaux récits de chasse en Afrique, l’homme le plus doux qu’on pût rêver, avec ses lunettes d’or, sa petite voix tranquille, sa bonne figure de tout repos ; le mélancolique Pierre Louys, qui venait de publier Aphrodite et qui accueillait avec modestie l’ouragan de gloire déchaîné par l’article de Coppée ; Emile Pouvillon, charmant conteur, qui se plaignait de ne pouvoir retrouver la verve de ses premiers romans, l’Innocent et Jean de Jeanne ; Henri Mazel, qui débutait et fondait l’Ermitage en 1890, avec Laurent Tailhade et Bernard Lazare ; Le Vicomte de Guerne, auteur des Siècles morts, espèces de Légendes des Siècles écrites en vers majestueusement parnassiens ; M. d’Avenel, dont on connaît les précieux volumes de documents historiques ; Léon Baracand, qui a publié de délicats romans ; Marcel Schwob, le classique prosateur ; Maxime Formont, plus tard secrétaire de la Revue de Paris et évocateur d’archéologie amoureuse ; Alfred Poizat, roulant déjà dans sa tête les projets de traductions qui devaient le conduire à la Comédie Française ; Rémy de Saint-Maurice, qui eût de si beaux débuts à la Revue des Deux-Mondes ; le glorieux général Dodds, si simple d’accueil et de manières ; le vieux peintre Jules Breton, ami personnel d’Heredia ; Porto Riche, l’Auteur d’amoureuse, dont on nous vantait l’imagination passionnelle ; le docteur Mardrus, dont Heredia disait  : « Comment ! […] Conduit au violon, Gérard adressa un mot à son ami Arsène Houssaye, alors directeur de la Comédie-Française, qui vint le délivrer, au grand ébahissement des policiers.

1821. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Si sommaire qu’elle soit — et, malheureusement, je ne lui pourrai pas accorder autant de place que je le voudrais, — une Histoire de la Critique en France, depuis ses origines jusqu’à nos jours, se divise en trois principales parties, qui sont : 1° l’histoire de la Critique anté-classique, qui commence en France avec l’histoire même du mouvement de la Renaissance ; 2° l’histoire de la Critique classique, qui occupe — sans les remplir uniquement ni entièrement, — comme vous le verrez, le xviie  siècle et le xviiie  siècle ; 3° et enfin, l’histoire de la Critique moderne, puisque, comme nous l’avons dît, l’objet de cette histoire même de la critique est d’en conduire et d’en amener l’évolution jusqu’au moment présent, — pour la continuer. […] Ce que Voltaire n’a pas pu faire, d’autres s’y essayent à leur tour, mais avec moins de succès ou de bonheur encore, Marmontel, Laharpe, Ducis ; et — phénomène bien digne d’attention, qu’il nous faudra regarder de très près — la tragédie périt pour avoir en quelque manière laissé rentrer dans sa définition tout ce que l’on en avait exclu pour la conduire elle-même à sa perfection.

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