. — Sa condition. — Sa vie. — Peinture de la vie morale dans la vie vulgaire. — Introduction du style terne et des compartiments psychologiques. — Défauts du genre. — Noblesse des sonnets. — L’Excursion. […] Il naquit en janvier 1759 parmi les frimas d’un hiver écossais, dans une chaumière de glaise bâtie des mains de son père, pauvre fermier du comté d’Ayr : triste condition, triste pays, triste chaumière. […] Il s’amuse à leurs dépens, met au jour leurs petits mensonges, leur parcimonie, leur badauderie, leurs prétentions, et les cent mille ridicules dont leur condition rétrécie ne manque jamais de les affubler. […] On le trouve dès l’abord assis dans une condition indépendante et dans une fortune aisée, au sein d’un mariage tranquille, parmi les faveurs du gouvernement et les respects du public. […] Tout cela est fort bien, mais à la condition que le lecteur soit comme lui, c’est-à-dire philosophe moraliste par excellence et homme sensible avec excès.
Que la condition nécessaire de l’évolution soit l’adaptation au milieu, nous ne le contestons aucunement. Il est trop évident qu’une espèce disparaît quand elle ne se plie pas aux conditions d’existence qui lui sont faites. […] De quelque manière qu’on explique l’adaptation de l’organisme à ses conditions d’existence, cette adaptation est nécessairement suffisante du moment que l’espèce subsiste. […] Mais les choses prennent un tout autre aspect quand on compare chaque espèce au mouvement qui l’a déposée sur son chemin, et non plus aux conditions où elle s’est insérée. […] Elle ne dit plus « ceci est » ; elle dit seulement que si les conditions sont telles, tel sera le conditionné.
« La tragédie est donc l’imitation d’une action ; et cette action étant l’œuvre de personnages qui agissent, ces personnages ont nécessairement un caractère et un esprit qui les font ce qu’ils sont ; conditions qui, d’ailleurs, servent à qualifier aussi les actes humains. […] Si les philosophes antérieurs ont commis cette erreur, c’est qu’ils n’avaient pas assez étudié le corps ; ils ne s’étaient pas assez rendu compte des conditions qu’il doit remplir pour être uni à l’âme. […] À ses yeux, elle remplit la condition essentielle de toute bonne définition : elle contient la cause. […] L’âme ne se comprend elle-même que sous la condition de la pensée, sans laquelle elle ne serait pas : elle n’a pas besoin de la condition du corps, sans lequel elle pourrait être, bien qu’elle ne soit jamais sans lui. […] Le dialogue platonicien ne serait désormais possible qu’à la condition d’un nouveau personnage aussi merveilleux, et peut-être même à la condition d’une catastrophe aussi lamentable.