Je le veux bien, je n’ai aucun intérêt à calomnier les Chinois ; cette croyance oisive et facile de l’Être suprême est un hommage que la philosophie, quelquefois même la scélératesse, rend volontiers à l’auteur des choses, à condition cependant qu’il ne se mêlera pas trop des affaires de ce monde ; c’est moins son existence que sa justice qui embarrasse ces grands génies vainqueurs de la superstition et des préjugés.
Tout le monde a eu tort, si l’on se place, non pas au point de vue de l’art même, mais à celui du génie particulier, quoique si vaste, de Lamartine ; son éloquence éparse, le n’importe quoi de ses trouvailles, le n’importe comment de ses images, et l’inconsistance de sa pensée dans le brouillard de la forme, étaient les indispensables conditions de sa sublimité. […] La plupart des poètes conçoivent et expriment une idée, en l’espérance qu’elle se développera, se répandra, se subtilisera, jusqu’à être plus qu’elle-même, sans renier sa source première ; tandis que, pour les Symbolistes, l’expression actuelle de l’idée, et l’idée elle-même, n’importent pour ainsi dire pas, à la condition que le mystérieux prolongement en soit obtenu.
Encore est-ce à condition de n’avoir plus rien à redouter de leur influence ; sinon ils les prennent en aversion, parce qu’il y a chez les jeunes gens un besoin inné, et peut-être salutaire, de penser et de sentir autrement qu’on ne l’avait fait avant eux ; ce n’est qu’à cette condition qu’ils prennent conscience d’eux-mêmes.