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1008. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Comment l’éloquence et la science politiques auraient-elles pu se développer dans de pareilles conditions ? […] L’instruction universelle, qui en est le complément ou plutôt la condition indispensable, ne date que d’une vingtaine d’années et, limitée à l’enfance, elle n’a pas eu le temps de relever le niveau moyen des intelligences. […] Le drame n’ose pas s’abaisser à la vie et au langage de tous les jours ; il reste historique et empanaché ; il parle en vers ; ses héros sont des grands de la terre ou des hommes à passions et à destinées extraordinaires, toujours des êtres d’exception ; la basse condition d’un Ruy Blas ou d’un Didier est voilée d’un manteau tissé d’images éclatantes.

1009. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Ce retard, qu’on peut évaluer à un espace de quinze à vingt ans, n’a depuis lors jamais cessé d’exister et il durera autant que ce sénat littéraire ; il est dû en effet aux conditions de son existence ; il tient à la constitution de l’Académie elle-même ; il en explique les caractères essentiels. […] Ceux qui les briguent sont réduits à enfermer leur pensée dans un cercle tracé d’avance ; ils sont soumis à des conditions d’espace et de temps rigoureuses ; ils ne peuvent ainsi se mouvoir en pleine liberté ; en revanche ils sont protégés en grande partie contre les passe-droits par les enveloppes cachetées qui dérobent leurs noms à la sympathie ou à l’antipathie de la compagnie ; ils ont chance d’être impartialement appréciés. […] Or la lutte est la condition même de tout progrès.

1010. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

  1° 1871-1876 : — En 1852, dans une Communication a mes amis, préface à une édition des premiers poèmes, Richard Wagner déclara qu’il n’écrivait plus de « pièces de répertoire », et qu’il ne voulait voir représenter ses œuvres « qu’à un endroit fixe, et en des conditions spéciales. » (IV, 372 et 417). […] Les conditions de la souscription ayant été, exactement, observées de part et d’autre, les souscripteurs-patrons n’avaient rien à savoir du déficit, qui tomba, tout entier, sur Wagner : il alla donner, à Londres, une série de concerts, au printemps de 1877 ; il laissa un impressario prendre les décors de Bayreuth et colporter la Tétralogie de ville en ville : la générosité du roi de Bavière et de quelques anciens patrons fit le reste, et Wagner se trouva libéré, ayant accompli, grâce à la souscription et grâce à l’appui du roi, la fondation du Théâtre de Fête, et la représentation de sa première pièce de Fête. […] Sa réponse est : Non, les conditions du monde apparent sont toujours tragiques.

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