Les auteurs chez qui le style et la langue sont admirables, je les aime, je les lis, je les relis avec enthousiasme, je tâche d’entrer dans le sanctuaire de leur pensée et d’en concevoir toutes les beautés ; mais je ne les éditerai jamais, parce que je ne me crois pas assez de pénétration ni assez de science pour suffire à une telle entreprise. […] Boissonade, qui devait, plus tard, éditer Parny et Bertin, qui était galant d’inclination et qui aimait fort les érotiques, avait pris d’emblée du goût, on le conçoit, pour Aristénète : c’était un gibier à son usage.
Un petit album où elle notait ses impressions ne nous représente pourtant que des notes brisées ; mais c’est là qu’elle conçut et chanta sa belle invocation au Soleil : Ami de la pâle indigence, Sourire éternel au malheur, D’une intarissable indulgence Aimante et visible chaleur ; Ta flamme, d’orage trempée, Ne s’éteint jamais sans espoir : Toi, tu ne m’as jamais trompée Lorsque tu m’as dit : Au revoir ! […] On conçoit qu’il lui coûtait de rien recevoir des grands et des puissants, de ceux qu’elle ne pouvait appeler ses frères.
C’étaient, on le conçoit, des tiraillements à n’en pas finir… Le prince de Schwartzenberg, brave militaire, d’un caractère doux, liant, modeste, n’était pas l’homme capable de donner l’impulsion à une machine si compliquée ; il se laissait mener par Radetzky et Languenau : l’empereur Alexandre consultait Moreau et Jomini, sans compter Barclay, Wolkonsky, Diebitsch et Toll ; le roi de Prusse avait aussi ses conseillers, et Barclay, influencé par Diebitsch, n’était jamais de l’avis de personne… Mettre d’accord tant d’intérêts et d’avis différents était chose impossible. […] « Au reste, a dit Jomini, cette bataille me détrompa de toutes les espérances que j’avais conçues ; elle me prouva qu’un homme dans ma position ne devait jamais juger les choses comme il le ferait s’il était maître de commander ; et j’appris là qu’il y avait une grande différence de diriger soi-même l’ensemble d’un état-major dans lequel on prévoit et organise tout, ou à raisonner sans fruit, et sur des données incertaines, de ce que veulent faire les autres.