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838. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Ils ne comprennent qu’une seule espèce de beauté ; ils n’établissent de préceptes que ceux qui peuvent la produire ; ils récrivent, traduisent et défigurent sur son patron les grandes œuvres des autres siècles ; ils l’importent dans tous les genres littéraires, et y réussissent ou y échouent selon qu’elle s’y adapte ou qu’elle ne peut s’y accommoder. […] Il représente bien, on le comprend sans difficulté, il est dépourvu d’efficacité, il est l’œuvre de la froide raison raisonnante, et laisse fort tranquilles les gens qui s’occupent de lui ; à tous ces titres il est parent de l’alexandrin. […] Tantôt l’antithèse est comprise dans un seul vers, tantôt elle en occupe deux ; tantôt elle est dans les substantifs, tantôt dans les adjectifs et dans les verbes ; tantôt elle n’est que dans les idées, tantôt elle pénètre jusque dans le son et la position des mots. […] On comprenait que l’homme n’est point une poupée élégante, qu’un petit-maître n’est pas le chef-d’œuvre de la nature, et qu’il y a un monde en dehors des salons. […] Mais en même temps ils amoindrissent la nature humaine ; il ne comprennent ni la barbarie ni l’exaltation ; ils peignent les révolutions et les passions comme feraient des gens qui n’auraient jamais vu que des salons parés et des bibliothèques époussetées ; ils jugent les enthousiastes avec un sang-froid de chapelains ou un sourire de sceptiques ; ils effacent les traits saillants qui distinguent les physionomies humaines ; ils couvrent d’un vernis brillant et uniforme toutes les pointes âpres de la vérité.

839. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

C’est par là qu’il passionne pour le métier qu’il comprend si bien. […] Thiers, quand il est désintéressé, devait le comprendre. […] Thiers est supérieur au jeune homme qui essaye la plume avant de comprendre son sujet. […] Thiers de les avoir et de les manifester à un degré si éminent dans son Histoire du Consulat et de l’Empire ; nous comprenons même que l’excès de ces trois vertus gouvernementales dans l’historien l’ait rendu plus indulgent que sévère et juste envers son héros au 18 brumaire, au consulat de dix ans, au consulat à vie, à l’usurpation de l’empire. […] Encore une fois, nous comprenons cette insolence de la supériorité d’esprit envers la nature humaine dans un écrivain qui a le droit de s’estimer très haut lui-même sous ce rapport ; nous comprenons ce culte du génie et de la force sous la plume de l’historien de la force et du génie.

840. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Le public ne comprendrait pas et veut la suite de son histoire. […] Il y a seulement deux cents ans, le peuple grattait la terre, servait les trois ordres (tiers-état compris), et ne connaissait d’autre littérature que quelques vagues complaintes patoises. […] Pas de littérature spéciale pour le peuple, mais un peuple capable de comprendre la littérature universelle, telle doit être la formule éducatrice de la démocratie. […] Vous comprendrez le mobile qui m’a fait agir et en raison de l’intention, vous serez indulgent pour la forme. […] Il suffit de lire la plupart des feuilletons dits populaires pour comprendre l’étendue du mal qui nous menace, si on n’arrive peu à sauver le pays de ces semences de pourriture.

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