Je me borne-à donner simplement ici mon opinion, en disant que je pense que la médecine est destinée à être une science expérimentale et progressive ; et c’est précisément par suite de mes convictions à cet égard que je compose cet ouvrage, dans le but de contribuer pour ma part à favoriser le développement de cette médecine scientifique ou expérimentale. […] En chimie, la synthèse donne poids pour poids le même corps composé de matières identiques, unies dans les mêmes proportions ; mais quand il s’agit de faire l’analyse et la synthèse des propriétés des corps, c’est-à-dire la synthèse des phénomènes, cela devient beaucoup plus difficile. […] Je ne veux pas examiner ces questions ardues, mais cependant fondamentales, des propriétés relatives des corps composés ou composants ; elles trouveront mieux leur place ailleurs.
La deuxième fois alors se passe, se compose inévitablement comme la première. […] De ce deuxième parti vous serez, non plus seulement vous, Halévy, mais vous aussi, non point tout à fait aujourd’hui, j’y consens, mais de ce deuxième parti quelque jour vous aussi vous serez, ami lointain, cher entre tous, par l’amitié même, et comme en outre par l’éloignement ; vous en serez, homme jeune, plein de sang ; qui naguère maréchal-des-logis d’artillerie coloniale vous enivriez de la vitesse et de la force des batteries à cheval ; qui avez un sabre, et c’est pour vous en servir ; qui dans une maison glorieuse, (dans le siècle), de tant de gloire avez réintroduit l’antique gloire militaire ; et aussi l’antique gloire navale, l’antique gloire coloniale ; qui dans une maison glorieuse des travaux de la paix avez réintroduit la guerre et l’antique gloire guerrière ; vous en serez, homme jeune, jeune de sang, homme au cœur pur ; qui dans une maison laïque avez réintroduit la gloire antique, la première gloire, la gloire de la guerre ; grand enfant, grand ami, homme au grand cœur ; vous qui fondez des camps et qui fondez des villes ; artilleur ; colonial ; vous qui réveillant votre vieux sang breton, et votre vieux sang méditerranéen, et votre vieux sang de patience hollandaise nous restituez la vaillance antique aux héroïsmes des guerres mauritaniennes ; vous en serez ; Latin, Romain, Français vous qui de tous ces sangs nous faites un sang français et un héroïsme à la française ; Romain héritier des guerres numidiennes ; Français héritier des guerres jugurthiniennes ; artilleur héritier des antiques artilleries ; des balistiques romaines ; cavalier héritier des cavaleries antiques, des antiques Numides ; artilleur héritier des frondeurs baléares ; colonial héritier des colonies romaines ; et des autres colonies grecques ; fondateur héritier des fondateurs latins ; sous-lieutenant d’artillerie coloniale hors cadre, à Moudjéria, Mauritanie, par Saint-Louis, Afrique Occidentale Française, Grec héritier des colonies grecques ; gardien de notre culture, héritier, décuple héritier, héritier de toutes parts, vous qui savez ce que c’est que de fonder une ville ; ce qui était le métier d’Alexandre et le métier de César, fonder une ville où il n’y a rien ; grand ami ; qui avez voyagé comme Ulysse, et connu les mœurs de beaucoup d’hommes ; homme de grand soleil, homme aux yeux frais, au cœur émerveillé ; vous qui connaissez le désert, et l’oasis dans le désert ; et ce que c’est qu’un pays où il n’y a personne ; et ce que c’est qu’un pays où il n’y a rien ; et je ne peux plus revoir sans penser à vous cette esplanade des Invalides, d’heureuse mémoire, et le dôme ; et j’irai revoir la cour intérieure, la cour carrée, ce cloître militaire, si sévère et si juste ; aux arcades alignées, si régulièrement austères ; officier à la Courier, cet autre artilleur, qui dans votre cantine emportez du français ; car votre bibliothèque de campagne ne comprend que les Pensées de Pascal, les Sermons de Bossuet, le Règlement d’artillerie de montagne, la table des logarithmes de Dupuy, et un exemplaire de Servitude et Grandeur militaires auquel vous tenez, parce qu’il composait l’unique bagage littéraire du sous-lieutenant de cavalerie Violet, mort à l’ennemi ; qui sut si bien mourir à Ksar Teurchane en Adrar, l’an dernier ; il était je pense votre ami, l’un de vous, l’un de vos camarades, braves comme vous êtes tant, et vous étiez dignes l’un de l’autre ; et cinq autres petits livres que je n’ai pas le droit de nommer ; vous en serez de mon grand parti ami aux yeux clairs, au parler militaire, plus près du cœur encore et plus près de la pensée par cet éloignement constant, par cet éloignement qui recommence tous les deux ou trois ans ; gardé (intact) par cet éloignement même, par cette occlusion, par cette réclusion à distance, par cette réclusion libre ; qui dans un court séjour à Paris, un an, deux ans, passés comme un jour, demeuriez comme un roi, vous et vos canons, sous-officier demeuriez comme un roi dans notre grand palais de l’École Militaire, à deux pas de nos grandes Invalides ; et quand vous alliez à la manœuvre, par les clairs matins de Paris, levés bien de bonne heure pour des Parisiens, et quand vous en reveniez, à l’heure où nous autres civils ne sommes pas encore descendus du train, quand il y a un train, vos canons de 75, nos grêles canons modernes, si pertinents, un peu trop lourds toutefois pour vos batteries à cheval, pour vos batteries de cavalerie, pour vos batteries volantes, et comme nous le disons familièrement entre nous pour les volantes, vos canons de 75, si grêles, (d’aspect), réellement si solides et si incassables, défilaient respectueusement devant les canons monstrueux ; tous les matins, avant la soupe, dans la fraîcheur de l’aube, ces petits jeunes gens de canons modernes, ces gringalets de canons modernes au corps d’insecte, aux roues comme des pattes d’araignée, serrés à la taille, défilaient sous la gueule des canons monstrueux ; nos gringalets, nos freluquets ; et ces vieux anciens les canons monstrueux à ta porte accroupis, assis sur leur derrière, en rang de canons, alignés encore tout au long du beau terre-plein, derrière le fossé, comme pour une parade éternelle, avaient l’air de commander le défilé.
On peut dire de l’Ellénore de Benjamin Constant comme de cette Vénus de l’antiquité, qu’elle est encore moins un portrait particulier qu’un composé de bien des traits, un abrégé de bien des portraits dont chacun a contribué pour sa part.