/ 3136
683. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Son cœur bon et tendre ne méritait-il pas un autre sort ? […] Encore une fois, je suis enterré : cependant, si j’en crois ma tête et mon cœur, et ce je ne sais quel pressentiment qui est souvent la voix de l’âme, ma vie pourrait n’être pas inutile. […] Il dira un cœur vaste. […] ce que ton cœur sait dire, l’art et l’esprit le trouveront-ils jamais ? […] Elle avait retrouvé, vers la fin, un lien de cœur réel et une vraie flamme pour un M. de Poterat, ancien capitaine de cavalerie, âgé comme elle de trente-cinq ans environ, et elle était près de l’épouser, lorsqu’il mourut de la poitrine.

684. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Pour lui, il la jugeait plus diversement et plus gaiement : Je ne connais pas, dit-il dans une lettre, de tête aussi complètement pervertie ; c’est l’opération infaillible de la philosophie moderne sur toute femme quelconque ; mais le cœur n’est pas mauvais du tout : à cet égard on lui a fait tort. […] Un des derniers poètes de l’Antiquité, Claudien, dans une pièce célèbre, a montré comment le triomphe d’un méchant et d’un scélérat peut jeter le trouble dans le cœur d’un homme de bien et le faire douter qu’il y ait des dieux. […] Je n’ai pas sur le cœur le poids que j’y sentais lorsque vous tiriez sur les Suédois : aujourd’hui, vous faites une guerre juste et presque sainte. […] Un sentiment profond d’amitié le ramène vers ceux qu’il a autrefois connus et qui lui sont restés au fond du cœur. […] Les souvenirs dans certaines positions sont épouvantables ; je ne vois au-delà que les remords. » Longtemps on ne crut avoir dans le comte Joseph de Maistre qu’un homme d’un esprit supérieur et qu’un cerveau de génie ; aujourd’hui on est heureux de trouver tout simplement en lui un homme et un cœur.

685. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Son goût de l’esprit y trouve son compte, ses besoins de cœur commencent à la faire souffrir : « Quel pays stérile en amitié !  […] Il y met parfaitement en lumière les deux traits essentiels qui se croisaient en elle et qui la caractérisent, la complication de l’esprit et la rectitude du cœur : Étrangère aux mœurs de Paris, Mme Necker n’avait aucun des agréments d’une jeune Française. […] Faisant la revue de ses richesses au moral : « Je les réduis, dit-elle, aux idées religieuses et aux idées sensibles, afin que le temps, qui s’avance, ne fasse qu’augmenter ma fortune. » Chaque jour ajoute à son dégoût pour le grand monde, où tout lui paraît factice et où son cœur trouve si peu d’aliment. […] Le premier ministère de son mari, qui dut l’exalter sans doute, fut aussi le moment où elle commença à se détromper : « Mon cœur et mes regrets, écrivait-elle à un ami en juillet 1779, cherchent sans cesse un univers où la bienfaisance soit la première des vertus. […] De telles pensées sorties du cœur sont bien faites pour racheter l’exagération de quelques éloges et pour les faire pardonner.

/ 3136