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542. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Loin de nous, en Savoie, en Russie, au ciel de Naples, il semblait s’être conservé exprès pour nous venir offrir, dans sa trop courte visite, à l’âge de près de soixante-seize ans, l’homme le plus moralement semblable à ses ouvrages qui se puisse voir, le seul de nos jours peut-être tout à fait semblable et fidèle par l’âme à son passé, naïf, étonné, doucement malin et souriant, bon surtout, reconnaissant et sensible jusqu’aux larmes comme dans la première fraîcheur, un auteur enfin qui ressemble d’autant plus à son livre qu’il n’a jamais songé à être un auteur. […] Né au cœur d’un pays austère, il n’en eut visiblement aucun reflet nuageux ; on ne pourrait dire de lui ce que M. de Lamartine a dit de M. de Vignet dans une des pièces du dernier recueil, dans celle peut-être où l’on reconnaît encore le plus sûrement l’oiseau du ciel à bien des notes, et où l’on aime à retrouver l’écho le moins altéré des anciens jours : Il était né dans des jours sombres, Dans une vallée au couchant, Où la montagne aux grandes ombres Verse la nuit en se penchant. […] ciel !

543. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Vous chantez si hautement les triomphes de l’Église et les fêtes de l’État, la mort des martyrs et la naissance des princes, qu’il semble que vos vers ajoutent de la gloire à celle du ciel et des ornements à ceux du Louvre ; les saints semblent recevoir de vous une nouvelle félicité, et M. le Dauphin une seconde noblesse. » Une étude particulière sur Balzac démontrerait à fond cette identité de nature qu’il a avec les rhéteurs des siècles inférieurs retracés par M. […] Mes amis ont raison, j’aurais tort, en effet, De me plaindre ; en tous points mon bonheur est parfait : J’ai trente ans, je suis libre, on m’aime assez ; personne Ne me hait ; ma santé, grâce au ciel, est fort bonne ; L’étude, chaque jour, m’offre un plaisir nouveau, Et justement le temps est aujourd’hui très-beau. […] Quand j’étais malheureux, souvent, lassé du monde, Je m’abîmais au sein d’une extase profonde ; Dans un ciel de mon choix mes sens étaient ravis ; Indicibles plaisirs de longs regrets suivis !

544. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

Il était sorti un matin selon son habitude ; les derniers jours avaient été ardents ; et il regagnait son avenue voilée, quoique le ciel, ce jour-là, fût plus frais et comme formé d’un dais de petits nuages suspendus. […] ce n’est pas l’automne, c’est un coup de soleil, disait-il ; c’est ce pauvre arbuste des îles qui se dépouille avant l’heure. » Mais, le soir, quand les nuages eurent fui, et qu’il vit vers les collines, sur un horizon transparent et froid, la lune naissante, il comprit que c’était l’automne, venu cette année-là plus tôt, et il en tirait présage, se demandant et demandant à ce croissant, à ce ciel pâli, à la nuit, si c’était déjà aussi l’automne de l’amour. […] Le lendemain, à l’heure de midi, par un de ces ciels demi-riants dont on ne saurait dire la saison, ils marchaient ensemble dans les allées solitaires, et vertes encore, d’un vaste jardin non cultivé, qui ne recevait qu’eux.

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