C’est bien là au fond la vocation et le vœu de l’ardent disciple ; mais l’écrivain entraîné ne nuirait-il pas au chrétien intérieur et pratique ? […] Parmi les détails les moins agréables qui reviennent souvent sous sa plume, et qui se rattachent aux affaires de ménage et de finance, il en est un de pur trafic ecclésiastique qui ne laisse pas de choquer ; c’est l’article des messes, qui est chose toute simple apparemment pour le prêtre catholique, mais qui étonne toujours le chrétien ou mène seulement celui qui a lu l’Évangile et qui sait que Jésus a chassé les vendeurs du Temple.
Vinet, en parlant du Recueil des Pleurs de Mme Valmore, n’a pu s’empêcher de voir, lui chrétien positif, une sorte de sacrilège dans cette confusion d’adorations par laquelle elle mêlait Dieu et les anges à ses divers amours, et même au plus orageux de tous : c’est qu’aucun amour, digne de ce nom et sincère, n’était profane à ses yeux72. […] Il était sévère en effet ; il était d’un chrétien qui ne badinait ni avec les choses ni avec les mots ; mais l’impression sur Mme Valmore a surtout été sérieuse, et il me semble qu’elle l’a accepté comme M.
Dans l’ordre humain, ce qui fait pour nous la puissance singulière et le charme du frère d’Amélie, de l’Eudore de Velléda, c’est au contraire la composition et le mélange ; lui aussi, il essaye d’entrer dans la haine passionnée de la vie, mais il s’y reprend au même instant ; il la hait et il la ressaisit à la fois ; il a les dégoûts du chrétien et les enchantements du poëte ; il applique sa lèvre à l’éponge trempée d’absinthe, et il nous rend tout à côté les saveurs d’Hybla. […] En un mot, il y avait de la foi jusque sous le libertinage de ces temps-là, et il se glisse du scepticisme jusque dans nos croyances philosophiques d’aujourd’hui, et pourquoi ne pas ajouter : jusque dans nos professions chrétiennes ?