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1697. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Avertissement On trouvera dans le présent livre cette phrase : « L’homme fait des projets, sans compter sur la mort, et nul n’est sûr d’achever la ligne commencée. » Théophile Gautier avait dans ses derniers jours formé bien des projets qu’il n’a pas eu le temps de réaliser, et, dans toute la plénitude de sa puissance intellectuelle, la plume lui glissa des doigts. Malgré toute son énergie, il lui fut impossible d’achever « la ligne commencée. » Le hasard, ou, pour dire plus juste, un concours particulier de circonstances, qui ne saurait en rien intéresser le lecteur, a voulu qu’il nous fût permis de recueillir la tradition la plus précise de ses projets. Pendant bien des années les plans de reconstruction de son œuvre furent l’objet de causeries de chaque jour entre Théophile Gautier et nous. Déjà à une époque où nous ne pensions pas que jamais il nous serait donné d’achever cette difficile tâche, nous avions dans une faible proportion collaboré à de premiers essais ; l’exécution en fut interrompue par les événements qui agitèrent ces dernières années. Le travail préparatoire n’en fut pas moins continué, et nous espérions bien avoir le bonheur d’aider notre illustre ami dans l’accomplissement de son travail.

1698. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

[Introduction] Car on ne le lit plus du tout et il est de ceux que l’on ne connaît que par ce que les professeurs de philosophie en disent dans leurs cours ou en écrivent dans leurs manuels. Il n’est plus que scolaire. La scolarité est d’abord le triomphe, puis le tombeau des auteurs. Elle les consacre d’abord comme étant de ceux qui doivent entrer dans l’entretien et comme dans l’aliment de l’humanité, et c’est la plus illustre et la plus chère récompense qui puisse stimuler l’ambition d’un homme et la satisfaire. — Un temps vient ensuite où la scolarité enterre un auteur. Comme il n’est plus qu’à moitié dans les préoccupations intellectuelles du public, chacun n’y prend garde qu’au cours de ses études, et, quittés les bancs, on ne le lit plus parce qu’on croit l’avoir lu et qu’on se tient quitte envers lui.

1699. (1876) Romanciers contemporains

Fabre a peint la charité qui, selon le grand moraliste chrétien, est comme le parfum céleste de l’âme, la charité qui est cette immolation de soi-même, ce dévouement sublime par lequel l’homme s’émeut des maux d’autrui bien plus que des siens propres, souffre des souffrances du prochain comme s’il avait lui-même essuyé une défaite, secourt ceux qu’il peut secourir, soupire et gémit avec les autres ; cette vertu surhumaine qui rend le cœur de ceux qui la possèdent assez vaste, assez sensible pour être blessé de toutes les blessures qu’ils connaissent, pour battre à toutes les infortunes qu’ils apprennent, pour être émus par toutes les larmes qu’ils voient couler et auxquelles ils mêlent les leurs.

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