/ 2133
1074. (1896) Études et portraits littéraires

Hors de sa famille, Joseph de Maistre s’était choisi de précieuses relations, où nous fait entrer M.  […] Il n’imagine pas que son devoir de bienfaisance puisse s’étendre au-delà de ce cercle choisi. […] Exemplaire choisi d’une génération nourrie d’Auguste Comte, sa rhétorique exprime une philosophie. […] À propos d’un recueil de « Pages choisies » par M.  […] Son œuvre, même « en pages choisies », a-t-elle une place indiquée dans une publication qui veut mettre entre les mains des adolescents de sûrs « modèles de la langue » ?

1075. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

C’est bien Alfred de Vigny dans un salon, à vingt-cinq ans ; le poète s’adresse en idée aux belles danseuses : Dansez, et couronnez de fleurs vos fronts d’albâtre Liez au blanc muguet l’hyacinthe bleuâtre, Et que vos pas moelleux, délices de l’amant, Sur le chêne poli glissent légèrement ; Dansez, car dès demain vos mères exigeantes A vos jeunes travaux vous diront négligentes ; L’aiguille détestée aura fui de vos doigts, Ou, de la mélodie interrompant les lois, Sur l’instrument mobile, harmonieux ivoire, Vos mains auront perdu la touche blanche et noire ; Demain, sous l’humble habit du jour laborieux, Un livre, sans plaisir, fatiguera vos yeux… Que ceux qui tiennent à étudier les nuances poétiques et les progressions fugitives du goût relisent tout le morceau ; ils y verront, dans le plus gracieux exemple, cette poésie choisie, élégante, mais de transition, qui cherchait à s’insinuer dans la vie, dans les sentiments et les mœurs du jour, en évitant toutefois le mot propre : poésie des Soumet, des Pichald, des Guiraud, de ceux qui louvoyaient encore. […] Éloa, cette créature d’amour et de pitié, cette âme née d’une larme, se sent le besoin d’aimer un affligé, de consoler un inconsolable et, parmi tous les anges, son instinct est de choisir celui précisément qui a failli, celui qu’on n’ose nommer dans le ciel, Lucifer lui-même. […] Et puis, pour parer au mal, il faudrait, à la tête de cet ordre de la société et dans les premiers rangs du pouvoir, je ne sais quel personnage de tact, de goût à la fois et de bonté, qui choisît, qui devinât, qui sût, qui fût comme s’il était du métier et qui n’en fût pas, qui aimât les belles choses pour elles-mêmes, qui discernât les talents, qui les protégeât sans leur rien demander en retour, ni flatterie, ni éloge, ni dépendance…, un Mécène comme il ne s’en est jamais vu.

1076. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Le moment est-il bien choisi pour combattre, au nom de l’intelligence, un siècle qui, jusqu’ici, n’était maltraité que dans les manuels scolaires, et que les élites étrangères se représentent comme un des plus riches et des plus glorieux de notre histoire littéraire ? […] Edmond Estève, professeur de littérature française à l’université de Nancy Il me paraît singulièrement mal choisi de qualifier de « stupide » le siècle qui s’est appliqué à discerner les moindres nuances de la pensée, à saisir en toute chose ce qu’elle contient de particulier et de relatif, le siècle qui a été par excellence le siècle de la science, de la critique et de l’histoire. […] La génération romantique à elle seule pèse autant que n’importe quel siècle choisi parmi les plus grands.

/ 2133