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859. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

L’empereur chercha à lui faire comprendre alors que, s’il y avait un pareil nombre de ses pages qui eussent cherché à s’emparer de lui, il lui aurait bien fallu prendre la fuite : il répliqua tout en colère, au milieu des éclats d’admiration et de rire de l’empereur et des personnes qui étaient présentes, que lui jamais ne se serait enfui. » Je doute que ce trait d’obstination d’un Charles le Téméraire en herbe ait causé autant d’admiration à l’empereur qu’on le dit. […] » On le rassura, on chercha à le calmer. […] Mais les peuples d’humeur mobile et d’impression superficielle se mirent aussitôt à regretter à l’excès un prince que chacun bafouait la veille, et dont l’existence, si elle s’était prolongée, eût pu être pour eux un malheur et un fléau ; la pitié s’émut comme pour une victime ; les poètes qui ne cherchent que des thèmes le chantèrent ; on se plut à voir dans sa fin rapide un mystère de machiavélisme et de ténèbres.

860. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

J’ai parlé d’observation ; et qui donc, si l’on cherche parmi les noms d’auteurs ceux qui peuvent le plus prétendre en notre temps à ce genre de mérite, qui pourra-t-on citer de préférence à Gavarni ? […] M. de Girardin, qui faisait également les siens par la publication de la Mode avec Lautour-Mézeray, et qui de son coup d’œil d’habile directeur était à l’affût des talents, s’adressa à Gavarni dont il avait remarqué une suite de travestissements lithographies ; il le fit chercher à Montmartre où l’artiste habitait alors. […] Or, Gavarni est devenu le nom d’un genre ; il est arrivé, sans le chercher, à cette solution la plus essentielle dans la destinée de tout artiste et, je dirai, de tout homme, d’avoir fait ce que nul autre à sa place n’eût su faire. […] Rien d’imité, rien de cherché ailleurs ; il nage en pleine eau, et on nage avec lui dans le courant et le torrent des mœurs du jour.

861. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Ce rapport que je cherche m’apparaît frappant, au contraire, dans ces quatre Lettres d’un tour si fier et d’une attitude magnanime. […] Associée à un homme que le même sort attendait, mais dont le courage n’égalait pas le sien, elle parvint à lui en donner avec une gaieté si douce et si vraie, qu’elle fit naître le rire sur ses lèvres à plusieurs reprises. » Je ne cherche dans ces extraits que la vérité, et je dirai jusqu’au bout ce que je pense. […] Tissot qui la rencontra, sans la chercher, dans son trajet, sur l’odieuse charrette, de la Conciergerie à la place de la Révolution. […] Voici donc ce qu’il a écrit sur Mme Roland, et qu’on ne s’aviserait guère d’aller chercher dans ses Mémoires d’un touriste (1838).

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