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570. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Chapitre I. […] Les vingt-cinq chapitres nobles de femmes et les dix-neuf chapitres nobles d’hommes sont autant de salons permanents et de rendez-vous incessants de belle compagnie qu’une mince barrière ecclésiastique sépare à peine du grand monde où ils sont recrutés. Au chapitre d’Alix, près de Lyon, les chanoinesses vont au chœur en paniers, « habillées comme dans le monde », sauf que leur robe est de soie noire et que leur manteau est doublé d’hermine214. Au chapitre d’Ottmarsheim en Alsace, « nos huit jours, dit une visiteuse, se passèrent à nous promener, à visiter le tracé des voies romaines, à rire beaucoup, à danser même, car il venait beaucoup de monde à l’abbaye, et surtout à parler de chiffons ».

571. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Le plus noir pessimisme est répandu dans le chapitre de l’Homme. […] Chrétien, certes La Bruyère l’était, quoique le chapitre postiche des Esprits-Forts ait bien l’air d’une précaution pour faire passer le reste. […] Notez pourtant que le spiritualisme de ce chapitre a un caractère tout laïque et sent— déjà— la philosophie universitaire selon Cousin et Jouffroy. […] L’histoire d’Émire, au chapitre des Femmes, est un roman en cent lignes, ce qui est sans doute la vraie mesure du roman psychologique : car il y a des longueurs dans les quatre-vingts pages de la Princesse de Clèves (je ne compte pas les épisodes), et des redites dans les soixante pages d’Adolphe. […] Dans le chapitre de la Ville, il plaint les citadins qui « ignorent la nature, ses commencements, ses progrès, ses dons et ses largesses… Il n’y a si vil praticien qui, au fond de son étude sombre et enfumée… ne se préfère au laboureur qui jouit du ciel… » Tout ce que développeront un jour Rousseau, Bernardin, Chateaubriand et Sand n’est-il pas enclos dans ces deux brèves et charmantes pensées : « Il y a des lieux qu’on admire ; il y en a d’autres qui touchent et où l’on aimerait à vivre  Il me semble que l’on dépend des lieux pour l’esprit, l’humeur, la passion, le goût et les sentiments. » L’auteur des Caractères était essentiellement de ces esprits ouverts, « vacants » et inquiets, révoltés contre le présent, ce qui donne une bonne posture dans l’avenir ; de ces âmes qui sentent beaucoup et pressentent plus encore, par un désir de rester en communion avec les hommes qui viendront, et par une sympathie anticipée pour les formes futures de la pensée et de la vie humaine.

572. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Tandis que les conditions générales de l’Europe évoluaient déjà vers le drame, les conditions particulières de l’Italie étaient celles du lyrisme (Voir ce que j’ai dit au chapitre III sur ces conflits d’une étape nationale avec l’évolution générale). […] L’artiste D’Annunzio a le droit de refaire la Bible, pourvu que, en son genre, il fasse une œuvre d’égale valeur artistique. — Tout le monde connaît le texte de saint Matthieu (chap.  […] Voyez plutôt comme tout se tient : quand les actes sont séparés par un certain laps de temps, et que l’action se déroule, forcément, dans des milieux divers, on ne saurait passer d’un acte à l’autre comme on passe, dans un roman, d’un chapitre à l’autre, en tournant une page ; il faut laisser aux machinistes le temps de remplacer un intérieur parisien par une plage de la côte d’Azur ; il faut permettre à l’héroïne de changer de toilette et de coiffure, et au héros de se vieillir un peu. […] Le lecteur m’opposera sans doute le chapitre des Travailleurs de la mer où Hugo a entassé aussi les expressions techniques. Ce chapitre est une de ces exagérations trop fréquentes chez Hugo ; mais enfin il est d’allure bien épique et a un but psychologique précis : faire sentir l’énorme difficulté du travail entrepris par Gilliatt.

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