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454. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Il a très bien montré que c’était une grande nouveauté alors en France de lire Homère en grec, que dans l’Université même, et parmi ceux qui passaient pour doctes, on ne s’en avisait que depuis peu, et il en a fait un mérite à notre poète, qui, non content de l’étudier sans cesse, voulait encore l’imiter, le reproduire, et doter son siècle et son pays d’un poème épique : vain effort, mais noble pensée ! […] Ronsard y raconte à l’un de ses amis, Pierre Lescot, l’un des architectes du Louvre, comment dès son enfance il résistait à son père qui lui disait de renoncer à la poésie, et comment déjà le démon du rêve et de la fantaisie le transportait ; je crois bien qu’en la mettant à l’âge de douze ans, alter ab undecimo…, il antidate un peu sa jeune manie, pour la mieux peindre ; mais il exprime cela en jeune homme qui n’a pas cessé d’en être possédé au moment où il en parlef : Je n’avois pas douze ans, qu’au profond des vallées, Dans les hautes forêts des hommes reculées, Dans les antres secrets, de frayeur tout couverts, Sans avoir soin de rien je composois des vers. […] [1re éd.] mais il exprime cela en homme qui n’a pas cessé d’en être possédé au moment où il en parle g.

455. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Par Saint-Amant, ce guide de joyeuse humeur, il se mit à entamer la lecture des autres poètes et écrivains de l’époque de Louis XIII, et depuis quelques années il n’a cessé de s’en occuper et de travailler à les faire connaître. […] Et le moment d’après, il se représente avec son luth allant porter, son harmonie au creux de cette grotte « fraîche », où l’Amour se pourrait « geler » et où Écho ne cesse de « brûler », combinant de la sorte tous les genres de pointe et de mauvais goûtr : il réussit très médiocrement, malgré ses accords soi-disant célestes, à nous rendre attrayante par sa fraîcheur une grotte où il dit qu’on gèle et où il vient de nous montrer des crapauds. […] Je dois cependant avertir que depuis cette défaite des genres auxquels il s’était voué, Saint-Amant n’a pas cessé de garder çà et là des fidèles, et qu’il a même retrouvé en dernier lieu des admirateurs, ou du moins des curieux passionnés.

456. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

Supporter et se supporter, c’est la plus sage des choses. » Après une lettre reçue de son frère, toute stagnation a cessé et sa pensée a repris son courant : Ta lettre m’a fait du bien ; c’est toi que j’entends encore ; c’est de toi que j’entends que tu dors un peu, que l’appétit va se réveillant, que ta gorge s’adoucit. […] C’est à ce dernier rendez-vous qu’elle aspire sans cesse et qu’elle renvoie le terme et la satisfaction de tous les désirs, de toutes les espérances, retardées seulement et interrompues. […] Mais ces grâces vont cesser ; la mort est venue : la douleur de Mlle  de Guérin va prendre un caractère d’élévation et de constance qui ne lui permettra plus le sourire.

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