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1621. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

C’est un système d’organisation fédérale, mais qui a pour caractère l’abolition des divisions et par conséquent des intérêts politiques, l’établissement d’un ordre purement économique. […] Guizot698 fut un grand caractère, énergique, autoritaire, un puissant esprit, étroit, dogmatique, d’une certitude sereine et inébranlable : les idées utiles à sa classe lui apparurent toujours dans une lumineuse évidence, comme la forme même de la raison ; et il ne les trouva jamais réalisées suffisamment dans la politique gouvernementale que par lui-même. […] Ils avaient pour représenter leurs idées deux orateurs de hante valeur, le comte de Montalembert701, un pur catholique, beau caractère, esprit véhément et brillant, sans originalité ni profondeur, et Berryer702, un avocat à la parole chaude, amplement déclamateur, et sincèrement éloquent. […] Par une inspiration poétique autant que chrétienne, il prit en 1840 l’habit blanc de Saint-Dominique et fut en France le restaurateur de l’ordre : cela fournit à Guizot, en le recevant à l’Académie, l’occasion d’un éloquent morceau, sur le caractère du temps qui réunissait dans une paisible confraternité l’inquisiteur et l’hérétique.

1622. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Or, ce second caractère tout au moins, pour ne retenir maintenant que celui-là, se retrouve évidemment, et avec une plénitude qui ne laisse rien à désirer, dans une partie considérable de l’œuvre de George Sand. […] Je ne choisis pas ; j’ouvre son premier roman, et je lis (page 152) : « Indiana opposait aux intérêts de la civilisation érigés en principes les idées droites et les lois simples du bon sens et de l’humanité ; ses objections avaient un caractère de franchise sauvage qui embarrassait quelquefois Raymon et qui le charmait toujours par son originalité enfantine… » Et sur Ralph : « Il avait une croyance, une seule, qui était plus forte que les mille croyances de Raymon. […] Tout le caractère de Sonia consiste dans une antithèse romantique. […] Tantôt, nous avons emprunté aux autres peuples, et nous avons imprimé à ce que nous tenions d’eux un caractère européen : tels les emprunts de Corneille ou de Lesage aux Espagnols.

1623. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Cela est bien singulier, oui, quand on connaît la biographie de La Fontaine, et non seulement sa biographie, mais son caractère général et ce qu’il était à l’ordinaire. […] Ils avaient exactement, ou presque exactement, le même caractère. […] Les amis de La Fontaine  car il a des amis très chauds, très passionnés, même encore, même au point de vue de sa vie, de sa biographie, de son caractère  les amis de La Fontaine, en ce moment-ci, ou il y a quelques années, et ils continuent, insistent infiniment et grossissent même tous les faits, et ils en ont peu à leur disposition ; ils insistent infiniment sur l’inconduite de Mllc de La Fontaine pour excuser La Fontaine, pour l’innocenter, pour le faire absolument blanc ; pour nous dire par exemple que si La Fontaine a abandonné sa femme, c’est qu’il lui était absolument impossible de demeurer avec elle ; que, s’il n’a pas connu son fils, s’il n’a pas voulu le connaître, c’est qu’il avait peut-être des raisons, c’est qu’il avait certainement, disent-ils, des raisons pour n’être pas sûr qu’il fût son fils, etc. […] Boileau, qui était assez ferme de caractère, lui représenta qu’il était un champion plutôt qu’un candidat, qu’il représentait quelque chose, la littérature de 1660, avec toutes ses marques, avec tout ce qui la constituait, tandis que La Fontaine était un fantaisiste, et, enfin… qu’il tenait à la place.

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