Certes je prise et goûte fort le joli récit traduit par Courier : il est net, proportionné, piquant, épigrammatique ; mais les additions d’Apulée ne me déplaisent pas tant ; elles m’apprennent bien des choses sur les mœurs tant publiques que privées, sur la police des villes dans les provinces, sur les travers éternels et les maladies de l’esprit humain : « Ce sont des tableaux de pure imagination, où néanmoins chaque trait est d’après nature, des fables vraies dans les détails, qui non seulement divertissent par la grâce de l’invention et la naïveté du langage, mais instruisent en même temps par les remarques qu’on y fait et les réflexions qui en naissent. » Tout cet éloge (sauf le point de la naïveté du langage), que Courier donne à son Lucius, je l’accorde à plus forte raison et je l’étends à notre Lucius latin, à notre Apulée, pour ses additions nombreuses ; lu à côté, le premier Lucius me paraît, je l’avoue, un peu sec. […] J’allais, je venais de tous côtés, sans trouver trace, ou commencement de trace, de quelque chose qui pût me satisfaire. […] Et pour première épreuve des plus singulières, elle se fait apporter du froment, de l’orge, du millet, de la graine de pavot, des pois, des lentilles et des fèves ; elle mêle, elle confond le tout ensemble, de manière à n’en faire qu’un monceau ; puis elle ordonne à Psyché de faire œuvre de servante et de séparer cet amas de semences qu’elle a confondues, de les mettre de côté une à une en des tas séparés. […] Elle court de côté et d’autre avec activité, elle convoque et réunit toute la classe des fourmis ses voisines : « C’est à votre compassion, filles agiles de la terre féconde, c’est à votre compassion que j’en appelle.
Le forgeron et sa femme, et l’un des enfants, vous regardent bien en face, mais le vieux père et un autre enfant qu’il a près de lui regardent ailleurs et ont l’air distraits ou occupés par je ne sais qui ou je ne sais quoi qui est de côté. […] Le côté angélique et le fond céleste de la scène paraissent vagues et laissent fort à désirer. […] La femme à côté ne mange ni ne boit ; elle a les mains l’une sur l’autre. […] Je voudrais citer d’autres chants du Béarn qui sont à côté, et d’une mélancolie pénétrante ; mais donner les paroles sans la mélodie qui les anime, ce serait les trahir, et je passe à regret.
Ai-je eu raison d’indiquer chez lui cette tendance première du côté du sentiment et de la délicatesse ? […] Malgré cela, la passion avance peu de son côté ; elle fait des objections, des raisonnements sans fin ; on lui répond, et c’est en entrant dans son idée qu’on essaye de l’amener insensiblement plus loin : « Vous ne pouvez pas m’aimer encore, parce que vous êtes une femme, et que les femmes n’aiment pas ainsi pour un oui, pour un non. […] Marie hésite ; elle semble craindre du côté du respect. […] Il avait, à côté du boudoir et du mystère, ce qu’il appelle quelque part « sa cour des miracles et ses truands. » Il nous y faut venir ; mais il est vraiment trop tard pour aujourd’hui.