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1256. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Elle était irrésistiblement du côté du peuple et des peuples. […] Le malheur qui le frappe m’atteint très sensiblement. » On n’est pas habitué, je l’ai dit, à considérer Mlle Mars par le côté du sentiment : cette femme, d’un talent admirable, passait, dans ses relations de théâtre, pour une personne assez rude, peu indulgente aux camarades et au prochain ; mais, pour ceux qu’elle aimait, elle était amie sûre, loyale, essentielle et positive. […] Je ne connais que les saints qui pourraient la repousser, et encore je leur dirais : “Messieurs les saints, si cette pension peut être utile aux vôtres, laissez de côté votre dédain ou votre indifférence ; ne pensez point ici à vous ; cette pension peut être utile pour élever vos enfants.”

1257. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

 » Mais cette insinuation, qui avait son côté flatteur, aurait pu se présenter dans des termes plus congrus et moins effarouchants. […] Sur le rapport qu’il en revint faire aussitôt à l’empereur Alexandre : « Vous êtes trop vif, lui dit le monarque ; on ne prend pas les mouches avec du vinaigre : il faudra tâcher de raccommoder cela. » Rien ne se raccommoda pourtant, et l’on sut que le premier mot de Languenau à Radetzky avait été : « Il faut enterrer ce Jomini ; sinon, on lui attribuera tout ce que nous ferons de bien. » — Le mauvais vouloir de ce côté et les tracasseries à son égard furent sans trêve et se produisirent dans les moindres détails de service et de la plus mesquine manière : pour son logement, pour l’ordonnance de cavalerie qui lui était nécessaire et qu’on ne lui donnait pas, etc. […] Le jour même de la bataille, sans avoir autorité pour rien, mais sur la simple vue des choses et après une reconnaissance qu’il avait faite de son côté comme Moreau du sien, Jomini ouvrit un seul avis, qui était de prendre toutes les masses accumulées au centre, de leur faire changer de front pour les faire tomber de concert avec la droite sur la gauche de Napoléon, qui s’aventurait vers Grima et Reick entre l’Elbe et une masse de forces supérieures.

1258. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Mais nous n’aborderons M. de Balzac que par les côtés qui touchent le plus immédiatement ses écrits que nous jugeons. […] Certains côtés délicats et sensibles auraient pu être touchés avec art ; mais l’écrivain, pur épicurien, n’y est pas arrivé encore. […] Cette pensée, pour devenir tout à fait vraie, ne doit pas craindre de s’énoncer avec plus d’énergie, et je risque ici la variante qu’un ami plus sévère que moi (j’ai toujours cet ami-là à mes côtés) me souffle à l’oreille : « Balzac romancier est un médecin, quelque peu suborneur, de maladies cutanées ou sous-cutanées, de maladies lymphatiques secrètes, — quelque chose entre Alibert et Cullerier. — Il a des arts secrets, de certains tours de main, comme en a l’accoucheur, le magnétiseur.

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